C’était au Space, en 2014. Un responsable industriel rejetait d’un revers de main l’idée d’une baisse de production dans les années à venir. Les producteurs allaient profiter de l’aubaine de la fin des quotas pour augmenter la production. Interrogé trois ans plus tard lors d’une conférence similaire sur l’avenir laitier, ce même responsable apportait une réponse plus nuancée. Mais la sérénité demeurait. Selon lui, le Nord-Bretagne compenserait les abandons de production des autres territoires et l’augmentation de la productivité ferait le reste. Cinq ans plus tard, l’assurance a baissé d’un cran, même si les responsables des laiteries demeurent « confiants », selon la formule consacrée. « Une posture », selon de nombreux éleveurs qui ne partagent pas cet avis « qu’il y aura toujours assez de lait » et empilent les témoignages « de gros troupeaux mis dans le camion » et de « voisins qui ne font plus que des cultures ». Derrière cette communication duale figure sans conteste le délicat sujet de l’approvisionnement des usines laitières. Il a d’ailleurs été évoqué vendredi dernier lors de l’inauguration de la très technologique usine Sill à Landivisiau. Invité par Gilles Falc’hun, l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian a nuancé ses propos sur la souveraineté alimentaire d’un : « Sous réserve que la filière laitière de base continue d’exister ». Ce qui est palpable, c’est que les producteurs se contentent de moins en moins de « discours » pour « (nous) faire patienter dans l’antichambre d’une hypothétique augmentation de prix », comme l’assénait un groupe d’éleveurs dans les allées du Space. Les vaches et les génisses laitières ne discutent pas, elles : elles sont respectivement moins nombreuses de 2,95 % et 6,07 % dans les étables bretonnes depuis un an….
Le Lait