Le lupin est régulièrement implanté sur l’EARL La Clairière à Châteaubourg (35). Il prend part à l’autonomie protéique de l’élevage laitier bio en hiver. Le coût alimentaire se situe entre 40 et 50 €/1 000 L.
Antoine Herber s’est installé en 1999, reprenant une ferme voisine à l’exploitation familiale. Les deux fermes ont fusionné dans un Gaec père-fils en 2001. « Nous avons toujours eu un objectif d’autonomie et d’économie et n’avons jamais acheté de correcteur et de concentré depuis le passage en bio débuté en 1997 », souligne l’éleveur qui a ouvert les portes de son exploitation le 8 septembre. Une rencontre organisée par Agrobio 35 dans le cadre du projet national Cap Protéines visant à renforcer l’autonomie protéique en élevage.
80 % de la ration vient de l’herbe
Aujourd’hui, l’EARL La Clairière compte 80 vaches laitières dont 80 % de la ration est à base d’herbe : 50 % de pâturage, ensilage, foin, enrubannage. Outre le colza fourrager qui est cultivé depuis plus de 20 ans sur la ferme, plusieurs cultures riches en protéines ont été expérimentées par l’éleveur.
« Le lupin a été testé à plusieurs reprises. Sa teneur en MAT de 35 % en moyenne fait de lui un bon correcteur ce qui ne serait pas le cas avec de la féverole », indique l’éleveur. En culture de printemps, après un couvert ou un colza fourrager, le lupin lui permet d’allonger les rotations sans besoin d’azote et montre une capacité à libérer le phosphore du sol et à le rendre accessible pour les autres cultures.
« L’idéal est d’implanter le lupin le 15 mars sur mon exploitation. Les sols doivent être ressuyés mais pas trop secs ou ‘fermés’. Au départ, je le semais en pur en plein, avec un écartement de 12 cm (plus 3 à 4 passages de herse étrille) puis j’ai opté pour un semis en ligne avec un écartement de 36 cm (passage de houe rotative, herse étrille et bineuse). Il faut trouver un équilibre entre une densité trop élevée qui génère des maladies (anthracnose) et un sous-dosage qui entraîne du salissement ».
En pur, la densité est de 50 grains/m2 (soit 180 à 200 kg/ha selon le PMG : poids de mille grains). La récolte se fait mi-août avec des rendements qui sont très variables autour d’une moyenne de 25 à 30 q/ha. « Cette année, j’ai testé une association avec de l’orge de printemps en mettant 100 kg/ha de lupin (37 grains/m2, PMG de 270 g) et 100 kg d’orge (233 grains/m2, PMG de 43 g). Tout a été mélangé et semé en même temps. Au final, l’orge a trop pris le dessus, il faudrait plutôt mettre 30 à 40 kg de cette céréale. Le lupin n’aime pas trop la concurrence. J’ai obtenu 40 q/ha au total avec 40 % de lupin et 60 % d’orge. »
Intéressant, « le lupin apprécie les années sèches lorsque le manque d’herbe est plus intense. » Par contre, il présente un coût de semence élevé à 300 €/ha (50 grains/m2). Il peut par ailleurs être tentant de le commercialiser en alimentation humaine. « En 2022, le prix de vente était de 930 €/t environ. »
Récolte risquée en soja
En 2019 et 2020, Antoine Herber a testé le soja (variétés les plus précoces offrant aussi 35 % de MAT) qui lui, est semé vers la mi-mai. « Il faut des terres encore plus chaudes que pour le maïs et pas trop sèches. De l’eau est nécessaire en août. » L’inconvénient est le risque sur la récolte « qui ne doit pas être trop précoce pour la maturité des grains et pas trop tardive par rapport aux pluies d’automne ». Autre innovation, 3 ha de sorgho fourrager ont été implantés cette année. La ferme produit par ailleurs des cultures destinées à la consommation humaine : blé, quinoa, sarrasin.