Les adultes adorent les mythes comme les enfants adorent les contes. Ainsi en va-t-il du mythe de la rupture technologique qui serait la solution à tous nos problèmes. Mais les faits montrent une tout autre facette de la réalité. À la flambée du prix de l’énergie et à la lutte contre le réchauffement climatique, la Première ministre n’a pour l’instant qu’une seule rupture à proposer aux Français : réduire l’ouverture du robinet. En voilà une rupture technologique vieille du XVIe siècle ! De fait, la cheffe du Gouvernement concède que les solutions techniques présumées novatrices et disponibles pour continuer comme avant n’existent pas. Ne faisons pas grief au pragmatisme d’Élisabeth Borne, mais plutôt à cette force de communication périphérique qui arrose sans discontinuer l’opinion d’effets d’annonce. Des effets d’annonce qui feraient croire que la technologie salvatrice ouvrira un nouvel âge d’abondance alors que l’avenir est indéniablement à la pénurie. Depuis quelques mois, de plus en plus d’experts prennent la parole pour démontrer que la technoscience n’est pas à portée de main pour relever les défis auxquels doit faire face l’humanité. Ils expliquent, sans sous-évaluer la formidable capacité d’inventivité de l’humain, que de nombreuses solutions demeurent aujourd’hui à l’état de concept. Et de citer ces machines capables de décarboner l’atmosphère qui n’existent pas hors des laboratoires. Et d’évoquer leur scepticisme sur la capacité d’accroître, voire de maintenir, les rendements agricoles. Ces mêmes experts considèrent que les « narratifs volontairement trop optimistes » sont une constante de toutes les civilisations. D’où cette propension de start-up ou de la green-tech à lever des fonds invraisem-blables pour des projets qui tiennent encore du mythe de l’éternelle matérialité de notre consommation….
Les mythes