Si des agriculteurs se sont lancés et se lancent dans la méthanisation c’est qu’ils y voient un intérêt, ou mieux une opportunité à ne pas rater comme le fût le photovoltaïque dans les années 2010. C’est aussi parce que l’élevage n’a pas tenu et ne tient toujours pas ses promesses en matière de rémunération que de plus en plus d’agriculteurs cherchent une voie de diversification. Et, sans faire ici son bilan énergétique et environnemental, la méthanisation constitue bien une opportunité économique pour l’agriculture qui possède une ressource renouvelable de matières premières méthanogènes. Sauf que le méthaniseur ressemble à une vache gargantuesque qu’il faut nourrir abondamment. D’où, sur certains territoires, cette rivalité entre éleveurs et méthaniseurs pour l’accès au foncier et au fourrage. Et avec encore plus d’acuité quand la sécheresse sévit. En Ille-et-Vilaine, département où la concurrence est particulièrement forte, le président de la FDSEA, Cédric Henry, a d’ailleurs dû prendre position en faveur des éleveurs incapables de lutter pour acheter du maïs ensilage à 2 500, voire 3 000 €/ha et même plus. Un prix qui n’arrête pas les agriculteurs-méthanisateurs financièrement consolidés par des subventions d’investissement et des contrats de rachat d’électricité sans rapport avec les aides à l’élevage. Peut-on reprocher aux agriculteurs-méthaniseurs de profiter de cet avantage comparatif ? Avant de répondre, il est judicieux de mettre en parallèle deux politiques publiques pour comprendre où sont les priorités définies en haut lieu : la politique agricole commune consacre 38 ct/jour pour alléger le budget alimentaire de chaque Européen ; la « remise carburant » française est de 30 ct/L depuis le 1er septembre. Manger ou conduire, il faut choisir……
Manger ou conduire