L’histoire nous apprend que notre dépendance protéique est très (géo)politique, et que notre indépendance devra l’être aussi. La crise de la Covid-19 et le conflit russo-ukrainien ont mis en lumière les fragilités des chaînes d’approvisionnement européennes, conduisant les pouvoirs publics à accorder à la question de la souveraineté alimentaire, qui comprend la dépendance protéique, un niveau de priorité politique élevé. Succession de différents plans protéines Cette réflexion n’est pas nouvelle en ce qui concerne l’alimentation des animaux, et les plans protéines se sont succédé depuis le Dillon Round de 1961 (exonération de droit de douane pour le soja américain en contrepartie d’une protection de notre marché céréalier européen), l’embargo de 1973 mis en place par les USA, les accords de Blair House en 1992 (limitation des surfaces des oléagineux profitant d’aides directes) et l’interdiction des protéines d’origine animale en 2000 qui a fait bondir les importations de soja. Force est de constater que les diverses mesures prises au niveau national et européen n’ont pas toujours été couronnées de succès. Mais les aides aux filières accordées dans le cadre du Plan de relance fin 2020, prenant en compte l’ensemble des maillons (de la semence à l’information du consommateur en passant par les équipements) a permis le déploiement de nombreuses initiatives dans les territoires et au niveau national. Et c’est tant mieux, car la nutrition azotée est un élément essentiel de la compétitivité et de la durabilité des filières d’élevage en France. Toutes les protéines ne sont pas équivalentes Un des biais fréquents lorsque l’on parle de protéines, c’est de croire qu’il faut juste en avoir plus à disposition, en France ou en Europe. Mais toutes ne se valent pas. Nous avons besoin de protéines concentrées, et avec des profils d’acides aminés adéquats pour nos usages. Une protéine est de bonne qualité…
Autonomie protéique : d’une dépendance à l’autre ?