Les instigateurs du progrès agricole ont toujours considéré que pour avoir de bons agriculteurs, il leur fallait une information de qualité. Pourquoi alors, aujourd’hui, la presse agricole, comme toute presse d’ailleurs, devrait-elle se soumettre au diktat du temps rétréci du scrolling sur écran et du picorement qui tendent à vider de toute substance l’information de la connaissance. Pourquoi la presse devrait-elle abandonner sa mission première d’informer pour consacrer son énergie à lutter contre le bombardement stérile de la controverse qui grouille sur les réseaux sociaux ? Pourquoi devrait-elle se soumettre au joug des algorithmes des géants du web qui dictent ce qu’il est préférable ou non de trouver dans les médias. C’est le monde à l’envers ! Pour « exister » en 2022, la presse devrait faire du buzz comme on dit aujourd’hui. Mais force est de constater que le buzz en agriculture s’apparente souvent à un éclat de bouse. Les réseaux sociaux sont en effet trop souvent un champ ouvert aux détracteurs de l’agriculture. Un espace où le monde paysan est malmené. Un espace contaminé par le discours de la transgression qui surplombe le discours rationnel. Un espace de spectacle qui bruisse d’éclats de langage savamment orchestrés, voire délibérément manipulés. Comme on ne lit pas un livre en sautant de façon aléatoire d’un extrait à l’autre, et pourquoi pas choisi par un autre qui y voit son intérêt (!), l’information n’est pas seulement du spectacle. L’information est trop noble pour être maltraitée. Face à cette chausse-trape tendue par une logique mercantile souvent doublée d’emprise intellectuelle, exigeons de nous-même une réappropriation de l’information en prenant le temps de comprendre, d’articuler la réflexion pour séparer l’essentiel du futile. Comment ? En revenant à une certaine sobriété de langage et en s’imposant une pensée exigeante….
Bombardement