Chirurgie plastique à la ferme

 - Illustration Chirurgie plastique à la ferme
Jean-Goulven Morel manie une de ses extrudeuses pour réparer un bec cueilleur de moissonneuse en polyéthylène haute-densité.
Jean-Goulven Morel sillonne en camping-car la Bretagne élargie pour redonner une seconde vie aux outils, matériels et équipements en plastique cassés ou abîmés.

« Le plastique se répare ! », martèle Jean-Goulven Morel. Il y a huit ans, cet homme enthousiaste et plein de ressources a lancé la clinique du plastique, une drôle d’entreprise de service itinérant. Après une carrière riche de diverses expériences au plus haut niveau sportif notamment, comme entraîneur national à l’Insep ou préparateur de matériel à la Fédération française de canoë-kayak, il a enfilé le bleu de chauffe et de chauffeur pour devenir docteur ès plastiques malades. Une semaine sur deux sur la route (l’autre passée dans son atelier pour effectuer des réparations plus complexes type carrosserie), 40 000 km par an au compteur, Jean-Goulven va de ferme en ferme pour opérer sur place.

Réparer les silos-tours, tonnes à eau et couvertures de fosse

« Pièces, outillage, machines à l’arrêt… Du plastique cassé, il y en a partout dans le milieu agricole, faute de pouvoir le réparer », explique le spécialiste installé à Plonéour-Lanvern (29). Son aventure a débuté par la réparation des matériels et équipements en polyéthylène (PE). Puis, pour faire face à la demande croissante et diversifiée des agriculteurs, de fil en aiguille, il s’est adapté en apprenant « sur le tas » à travailler d’autres matières comme le polypropylène, le polycarbonate, l’ABS, le PVC et l’EPDM. Dans ses mallettes, 60 000 € de machines thermiques spécifiques pour réaliser ses chirurgies plastiques réparatrices à la ferme. « Je ne colle pas, je ne bricole pas. Je réalise de la fusion, une soudure de précision qui réclame une maîtrise parfaite de la chaleur. Pour chaque matière, j’adapte la température de travail. » Pour mieux faire comprendre l’étendue de ses possibilités, Jean-Goulven tente de lister ce qu’il répare le plus souvent dans les exploitations de la Bretagne élargie : « Les silos-tours, les tonnes et les bacs à eau fendus, les réservoirs de tracteurs et les cuves de pulvérisateur percées, les chapiteaux de couverture de fosse déchirés ou leurs portes à fermeture éclair cassées, les capots de moissonneuses ou de tracteurs, les portes enroulables, les bacs d’équarrissage… » Il en oublie bien sûr.

Réparations et remplacements de porte sur une couverture de fosse à lisier.

« La première fois, les gens n’ont pas confiance »

Aujourd’hui, par exemple, après avoir passé la matinée à réparer des portes cassées sur des couvertures de fosses à lisier, le spécialiste intervient à l’ETA Cozannet à Plouëc-du-Trieux (22). « Je suis déjà venu ici il y a quelques mois… », sourit-il. « Généralement, la première fois, les gens n’ont pas confiance. Ils me font venir pour une simple réparation comme un bac ou une tonne à eau qui font partie des interventions les plus fréquentes. » Les clients, curieux, observent en détail les premières minutes du travail. « Certains mesurent rapidement mon savoir-faire et me rajoutent une ou deux réparations tout de suite. D’autres attendent de voir et me rappellent plus tard avec une liste de travaux cette-fois… », explique-t-il tout en opérant sur les cinq becs cueilleurs cassés d’une moissonneuse. Un peu de ponçage puis place à la fusion : il manie une extrudeuse qui chauffe à 300 °C un fil de polyéthylène haute-densité. « C’est du matériel étranger utilisé habituellement sur les pineplines… J’en ai adapté l’usage. » Brûlante, la matière est d’abord transparente. Il la dépose « en escargot » pour combler peu à peu le trou dans la pièce. « Je fais un apport de matière par fusionnage et je restructure ce nouveau plastique tant qu’il est chaud. À l’arrivée, une fois refroidi, c’est extrêmement résistant. »

La Bretagne en camping-car

Une heure et demie plus tard, il est déjà temps de remonter dans son fidèle véhicule pour filer vers une nouvelle mission. Un véhicule professionnel assez cocasse d’ailleurs. Quand au début de la pandémie, les restaurants et hébergements ont été fermés, Jean-Goulven n’a pas tardé à rebondir en troquant sa camionnette pour ce camping-car. Il dort désormais sur une ferme chaque soir quand il est en déplacement. « Le camping-car est une super solution par rapport à la gestion de mon planning. Que je sois en avance ou en retard, je peux m’adapter. En début de semaine, je charge le véhicule avec ce dont j’ai besoin en fonction des devis que j’ai proposés et j’emporte mes petits plats cuisinés pour la tournée. Et c’est parti ! » S’il concède que son métier est exigeant physiquement et très prenant, il trouve « beaucoup d’épanouissement dans la lutte contre le gaspillage, la surconsommation et la limitation des déchets plastique dans la nature, la mer ou les déchetteries ».

Un travail garanti

Jean-Goulven Morel facture à la pièce. Son tarif tient compte du temps passé sur la route, et des machines et de la matière qu’il doit utiliser. « J’essaie de rationaliser mes déplacements par secteur pour abaisser les coûts d’approche pour chaque client. Chaque semaine, je fais un secteur. Ainsi, pour une urgence isolée, les frais seront plus élevés… » Compter par exemple autour de 80 € pour réparer un bec cueilleur sur une moissonneuse, 160 € pour une tonne à eau fendue et 40 € pour un bac, 200 € pour une cuve de pulvérisateur percée ou 180 € pour une fuite de réservoir à gasoil… « Ce sont des prix indicatifs, je fais une proposition au cas par cas. » Dernier détail : « Mon travail est garanti ! ».

Contact
La Clinique du plastique pour professionnels et particuliers : 06 43 10 61 31 ou www.lacliniqueduplastique.fr


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