Lors d’un « tour d’herbe » organisé par l’Adage sur le Sud-Est Ille-et-Vilaine, les éleveurs ont témoigné avoir passé l’été sans trop de problèmes et profitent d’une bonne valorisation de l’herbe cet automne.
La sécheresse estivale a laissé des séquelles sur certaines parcelles de Marc Paty à Visseiche. Chez lui actuellement, la production laitière des 50 vaches est plutôt réalisée grâce à la ration à base d’ensilage d’herbe de bonne valeur et de maïs épi plutôt que via le pâturage. « Cette parcelle, semée en 2020 en RGA, fétuque élevée, plantain et trèfles blanc, violet, intermédiaire, peine à repartir en production cet automne », a montré l’éleveur lors d’un tour d’herbe qui a eu lieu sur son exploitation le jeudi 29 septembre, organisé par un groupe d’éleveurs de l’Adage, dans le cadre du contrat territorial Eau de l’Unité de gestion Vilaine est.
Signature d’une Maec en 2016
Une autre parcelle en ray-grass anglais – trèfle repart aussi difficilement. « Il ne faudrait pas que le manque d’eau dure trop longtemps », souligne Marc Paty qui projette de réaliser en parallèle des analyses de sol. Il va peut-être aussi mettre en place du sur-semis. Sur sa SAU de 70 ha, il gère 50 ha de prairies pour le pâturage (paddocks de 1 ha avec fil avant) et pour les stocks (ensilage, foin). Il cultive aussi du maïs et du méteil mais envisage d’aller vers du 100 % herbe. Marc Paty a réorienté son système vers plus d’herbe à partir de 2016 en signant une Maec. Cette année, l’éleveur a ajouté 500 m de haies sur ses pâtures pour offrir davantage d’ombre aux animaux l’été.
Les autres producteurs du groupe Adage situé dans la zone sud-est de l’Ille-et-Vilaine ont vu l’herbe repartir dès mi-août sur leurs pâtures et ont passé l’épisode de sécheresse grâce à des reports de stocks de l’an passé. « Mais il ne nous faudrait pas deux années comme 2022 à suivre », déclarent-ils à l’unisson. Ils ne remettent pas en cause leurs systèmes herbagers pour autant, considérant le maïs comme plus risqué sur le plan climatique et demandant plus de travail. Beaucoup d’entre eux conservent cependant la fourragère qui vient compléter l’herbe sur le plan énergétique. Certains envisagent la betterave plus résiliente face aux sécheresses. Lors du tour d’herbe, les éleveurs ont pu apporter leur point de vue sur les parcelles de Marc Paty et témoigner de leur propre situation. Des échanges riches qui permettent à tous d’avancer.
Adaptation des espèces prairiales
Des réflexions sur les intercultures et les espèces prairiales occupent souvent les discussions du groupe qui compte une quinzaine de fermes. « Dans les pâtures, nous implantons beaucoup la luzelle (variété de luzerne) qui résiste mieux au piétinement que les autres variétés. Alors que les trèfles n’ont pas résisté au temps sec et chaud, la luzerne est restée en place cet été », constatent plusieurs éleveurs. La fétuque élevée, le plantain, le dactyle sont également des espèces souvent utilisées sur le territoire. Dans un objectif de couverture du sol et de limiter le salissement, des éleveurs sèment leurs prairies sous couvert d’avoine noire ou de méteil qui est récolté la première année.