Les températures estivales s’élèvent, les périodes de sécheresse s’allongent. Les pluies hivernales seront plus nombreuses et intenses. Pourquoi l’irrigation des cultures est-elle si problématique en Bretagne ? L’été 2022 a marqué les esprits. « Les conditions n’ont jamais été aussi favorables pour obtenir des autorisations de créer des réserves d’eau », assurent beaucoup d’acteurs du monde agricole. Vraiment ? Après trois ou quatre mois de pluies hivernales, les conséquences de la sécheresse, encore légères pour la majorité de la population, seront probablement oubliées. Et les divergences entre agriculteurs et citoyens pour le partage des eaux s’accentueront. « Vous devez trouver des alliés en proposant des services à vos concitoyens », conseille Jean-François Berthomieu, docteur en mécanique des fluides, intervenant au Forum de l’irrigation à Rosporden (29). Des réserves incendies ? « Je pense, en premier lieu, aux pompiers pour qui les réserves disséminées sur le territoire seraient malheureusement bien utiles à l’avenir ». Le scientifique originaire du Sud-Ouest, milite pour la création, non pas de grandes bassines préjudiciables aux nappes phréatiques, mais de mares, recueillant les eaux hivernales. « C’est la voie que choisissent les Anglais ou les Danois, qui va à l’encontre de ce que nous avons fait dans le passé. Il fallait évacuer les eaux le plus rapidement possible vers l’océan ; éviter les miasmes, assainir les terres et les eaux ». Au contraire, les « lacs de nouvelle génération » (voir par ailleurs), comme il les nomme, retiendraient l’eau. Leur action, associée à celle du bocage breton, densifié par la plantation massive de haies, et de sols couverts en été qui favorisent l’évapotranspiration, serait bénéfique au climat estival local. Plus frais et plus humide. « L’eau et le végétal sont le meilleur moyen de s’adapter au changement climatique », résume-t-il. Relarguer de l’eau, au besoin ? Jean-René Menier, agriculteur à Mauron (56) et membre du Comité de bassin Loire-Bretagne, acquiesce et souligne que…
Irrigation : le monde agricole manque d’alliés