Un programme d’expérimentation, commun entre le CTIFL* et les stations de Kerplouz (56) et Terre d’Essais (22), est en cours pour appréhender l’intérêt de la culture en Bretagne.
Même en pleine saison de patate douce, de septembre à janvier, la production nationale ne couvre que 40 % de l’offre totale. La tentation d’en produire localement est donc importante pour les maraîchers. Problème, la patate douce apprécie les climats chauds. Les producteurs de plants ont donc développé de nouvelles génétiques à bon potentiel de rendement et à cycle court. Une condition indispensable pour profiter de la chaleur estivale et récolter assez tôt, avant que l’excès d’eau affecte les tubercules (éclatement) et que les rongeurs ne les consomment. « Les essais montrent l’intérêt de planter les semaines 19 à 22 (début mai-début juin) pour une récolte entre les semaines 38 à 42 », indique Thomas Deslandes, ingénieur à la Chambre d’agriculture. Des semenciers recommandent de poser la bâche quinze jours avant la plantation pour réchauffer le sol si la plantation est précoce. Ensuite la chaleur et l’irrigation permettent un bon développement des racines, des feuilles puis des tubercules. En Bretagne, l’arrachage avant la mi-octobre est indiqué pour éviter l’altération.
La patate douce se conserve correctement jusqu’en janvier. « Les structures équipées de chambres ventilées et chauffées permettent de pousser la conservation jusqu’en avril en opérant un ‘curing’ , à savoir une période de 2 semaines à 25 °C et à 90 % d’humidité, juste après la récolte », indiquent les semenciers. Améliorer les techniques de conservation aurait pour double avantage d’élargir la période de commercialisation et de limiter les effets délétères liés à la volatilité des prix. Les approches économiques laissent entrevoir des marges intéressantes, qui dépendent des modalités de production (densité de plantation) et de vente (circuit court ou long). Le coût des plants est le poste de charge le plus important (plus de 10 000 €/ha), avant le paillage, la main-d’œuvre et la fertilisation. Les rendements peuvent atteindre 20 à 30 tonnes par hectare
(1 à 3 €/kg de prix de vente). Les possibilités d’élargir la gamme (couleur) permettraient à moyen terme de segmenter le marché et renforcer la pérennité de la filière.
* Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes