Devant les députés et les sénateurs, les représentants du réseau FDSEA et JA 22 ont tiré la sonnette d’alarme en tenant un « discours de vérité » sur la situation des producteurs de lait.
Vendredi 14 octobre, un camion de lait était stationné derrière les locaux de la Chambre d’agriculture symbolisant le recul quotidien de la collecte dans les Côtes d’Armor. Une manière de signifier l’ampleur des dégâts de la déprise laitière aux parlementaires invités par les responsables syndicaux. « Cette citerne n’est que de 20 000 L mais la baisse de production est en réalité de 30 000 L par jour. En une année, la livraison de notre département a reculé de 10 millions de litres de lait ! », ont démarré Fabienne Garel et Philippe Cherdel, respectivement présidente et secrétaire général de la FDSEA 22.
Jusqu’à 600 € / 1 000 L ailleurs en Europe
« Notre priorité des priorités est un prix du lait décent », a insisté Fabienne Garel devant les députés et sénateurs ou leurs représentants. « Pourquoi, en termes de prix du lait, une telle déconnexion entre nous et l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Irlande où on atteint parfois du 600 € / 1 000 L contre 420 à 450 € ici ? Là-bas, la grande distribution a pris en charge les hausses. Est-ce un problème politique en France ? » Les syndicalistes ont rappelé l’un de leurs objectifs dans la période : pas de briques de lait à moins de 1 € dans les rayons des GMS. « On y est à peu près. Et pourtant, nous n’en voyons aucun retour dans nos fermes… », poursuivait Philippe Cherdel.
Partout des cessations laitières prématurées
Au fond de la salle, des éleveurs s’emportent : « Nous sommes des travailleurs pauvres, beaucoup d’entre nous gagnent entre 4 et 6 € de l’heure. Et cela, sans aucune rémunération du capital. Celui qui embauche un salarié le rémunère davantage que ce qu’il prélève lui-même. » Plusieurs éleveurs, toutes générations confondues, témoignent, tour à tour, des conditions de travail, de l’impossibilité d’attirer des jeunes vers le métier dans ce contexte économique, des cessations laitières prématurées qui s’enchaînent dans les campagnes, des situations familiales fragilisées par la crise, de la multiplication des burn-out… Pour mieux comprendre la dérive, Nathalie Carmès, responsable de la section laitière, a précisé aux invités : « Un UMO livrait 156 000 L de lait par an en 2000 contre 315 000 L en 2020 pour un résultat constant… » Et Fabienne Garel de reformuler : « Pour maintenir des revenus très faibles pour 70 heures de travail par semaine, les producteurs de lait n’ont cessé de compenser en augmentant leur charge quotidienne pour produire plus de volume. » Comme toujours, les parlementaires ont promis de « faire remonter » ces informations…