Dans des temps pas si lointains, les familles donnaient la priorité à l’alimentation. Et s’il restait un peu de sous en fin de mois, elles s’offraient un petit extra. Aujourd’hui, les extras sont la priorité – portable, loisirs, vacances et abonnements à foison – et l’alimentation se cuisine avec ce qu’il reste. Et comme ce reste est déjà une portion congrue, lorsque les prix alimentaires augmentent les familles n’ont pas d’autre choix que de diminuer les quantités ou d’acheter moins cher. Avec l’inflation, le mouvement de « déconsommation » observé en France risque de s’amplifier en 2023. Dans le domaine alimentaire, les volumes sont déjà en repli de 1,7 % sur les neuf premiers mois de 2022. Avec des variations importantes selon les catégories de produits : -14,5 % au rayon boucherie ; -9 % pour les fromages ; -8,8 % pour les légumes ; – 5 % pour la charcuterie, selon le cabinet Nielsen. Contraint par son budget, le consommateur fait de plus en plus la chasse aux prix bas et aux promotions. Ainsi, les marques de distributeur qui reculaient depuis une dizaine d’années font un retour en force. Pas une bonne nouvelle pour l’industrie agroalimentaire qui y laisse une partie de ses marges. Pas une bonne nouvelle non plus pour les agriculteurs. Les bio ont été les premiers impactés par ce resserrement du budget alimentaire des ménages : au premier semestre, les ventes ont reculé de 9 % dans la grande distribution et de 10 % dans les enseignes spécialisées. Que ce soit en légume, porc, viande bovine, les analyses de marchés publiées dans Paysan Breton montrent que les cours s’approchent de plafonds au regard des prix à la consommation. Jusqu’à présent le volume de l’offre garantissait une fermeté des prix dans la plupart des productions. Une limite semble aujourd’hui atteinte….
Se serrer la ceinture