Le marché mondial de la farine de blé est assez méconnu et pourtant, au cœur d’enjeux stratégiques. Sur le marché de la farine, la Turquie est le premier exportateur mondial mais sa production de blé locale ne suffit pas et devinez quoi… les meuniers turcs s’approvisionnent en Ukraine et en Russie. Vous l’aurez compris, le président Erdogan a tout intérêt à négocier un corridor céréalier et on comprend mieux les efforts qu’Ankara multiplie auprès de Vladimir Poutine pour faire avancer le dossier. Déjà avant la Covid-19, l’économie turque était en situation de crise. Entre forte dépréciation de la lire turque, dette colossale et inflation, le pays a besoin d’accélérer ses ventes de farines, source non négligeable de devises (1,2 Md de dollars attendus en 2022). Un négoce étonnant Le négoce mondial de la farine, qui représente environ 15 Mt (en équivalent blé), est assez étonnant. Ce ne sont pas les plus gros producteurs de blé qui en assurent le leadership, mais deux pays qui ont su profiter de leur situation géographique et développer des capacités industrielles conséquentes. La Turquie, qui produit 20 millions de tonnes de blé et en importe 10 Mt, en est depuis 8 ans le numéro 1, avec un tiers du marché et 540 moulins actifs. Elle a dépassé le Kazakhstan qui, lui, produit 15 Mt de blé les bonnes années et en importe environ 1 Mt. Ce dernier chiffre est sans doute sous-estimé, car les frontières avec la Russie sont assez « poreuses ». Le pays, en tant que membre de la CEI, n’est pas concerné par les taxes russes. Ses meuniers ont plus d’intérêt aujourd’hui à acheter du blé russe que local pour augmenter leur marge sur leurs exportations de farine. Une partie des flux transfrontaliers passeraient donc sous les radars… Le marché mondial de la farine est largement…
Farine : la plaque tournante turque