Entendre encore, en 2022, des ‘responsables’ invités par des médias nationaux confondre « décarbonisation » et « décarbonation » a quelque chose d’invraisemblable à l’heure de l’urgence climatique. Cette confusion est le reflet d’une impéritie à de nombreux niveaux de décision. Dans la Note d’analyse publiée le 9 novembre, sous la responsabilité́ de France Stratégie, Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz mettent d’ailleurs en exergue le « retard préoccupant » qu’accuse la réflexion macroéconomique sur les effets à court et à moyen terme de la transition climatique. Une façon ‘soft‘ de dire que pas grand-chose – à part des rapports, la fixation d’objectifs, l’élaboration de cahiers des charges, etc. – n’a concrètement été entrepris pour l’instant dans le domaine. Le record d’émissions de CO2 d’origine fossile attendu pour 2022 mesure bien cette inaction collective. La Note d’analyse confirme que tout ce temps perdu va nécessiter un « effet d’accélération parce que la transition va devoir être rapide ». Rapide et difficile. Car la transition implique « évidemment » une grande transformation « analogue par son ampleur aux révolutions industrielles du passé ». Les deux rapporteurs préviennent que les perspectives économiques des années à venir vont inévitablement être affectées par la crise énergétique et par cette transition climatique qui va se superposer. « Il serait trompeur de considérer que cette dernière aura pour seules conséquences une augmentation de la croissance et des créations d’emplois », mettent en garde les auteurs de la Note. Et de conclure « qu’il ne faut pas se voiler la face sur les difficultés ». En clair, des temps difficiles s’annoncent. Mais ce n’est pas parce que c’est dur que c’est impossible……
Impéritie