Comme à chaque fois, tout dépend où l’on porte la focale. Déduire une tendance lourde de consommation à partir d’une évolution des ventes de quelques produits d’appel sur une courte période peut conduire à des conclusions biaisées. C’est ainsi que certains ont cru déceler la fin du bio à partir de la tendance de l’œuf et du lait. Mais en valeur absolue l’achat de produits bio n’a fléchi que de 1 € par Français en 2021 quand, sur la même période, l’alimentation conventionnelle reculait de 75 € par habitant. Depuis septembre 2022, le cabinet Iris Vision décèle une évolution positive du poids du bio dans les produits de grande consommation. Il observe aussi, qu’en grande surface, c’est davantage la disponibilité qui fait actuellement défaut : « Les coupures d’offre se poursuivent à un rythme très important. La baisse de la demande est désormais inférieure à celle de l’offre. » Une étude conduite par Familles Rurales relève de son côté que les prix du bio augmentent moins vite que les prix des autres produits alimentaires. Et d’expliquer que le bio est plus résilient face à l’inflation car faiblement impacté par la flambée du prix des intrants ; alors que la production conventionnelle doit, elle, répercuter des hausses colossales : augmentation de 89 % du prix des engrais chimiques sur un an. Autrement dit, le bio moins gourmand en énergie semble mieux paré pour résister à l’inflation. Sur le temps encore plus long, l’avenir du bio est également intimement lié au double défi climatique et de biodiversité, déjà bien intégré par l’agriculture biologique. En fait, tout laisse penser que les systèmes bio, assis sur l’autonomie des fermes, traversent actuellement une crise davantage conjoncturelle que structurelle. Autrement dit, le bio n’a pas dit son dernier mot….
La fin du bio ?