Olivier Allain, conseiller régional à la Région Bretagne, réagit sur l’inadéquation entre les marchés et les aides publiques. L’agriculture et l’élevage en particulier connaissent depuis plusieurs mois des turbulences inédites. Les aides Pac (63 milliards d’euros en Europe dont 10 milliards pour la France) reversées aux agriculteurs doivent permettre de compenser les baisses de prix. Mais la fin concomitante des outils de régulation des marchés (droits de douane, aides à l’exportation) génère des prix payés d’une variabilité inédite depuis 6 ans. Pour exemple, le prix du blé payé au producteur est passé de 150 € la tonne, il y a quelques mois, à 360 € la tonne, il y a quelques semaines. Or, les aides publiques qui se composent pour l’essentiel de paiements fixes et découplés à l’hectare ne tiennent aucunement compte de ces fluctuations des prix de marché. Une décapitalisation inédite de l’élevage Les aides Pac (10 milliards d’euros) et les aides de l’État (environ 5 milliards d’euros) jouent un rôle fondamental dans la composition des revenus agricoles. En fonction de la conjoncture, le revenu de la ferme France (grandes cultures, élevages, arboricultures, légumes) peut varier de 10 à 20 milliards d’euros par an. Sur des temps longs, nous constatons que les agriculteurs, notamment les producteurs de lait, de bovins viande, d’ovins mais aussi les arboriculteurs et les producteurs de légumes de plein champ, affichent des revenus faibles au regard du capital investi et des besoins en main-d’œuvre. Face à cette situation dramatique, une décapitalisation inédite de l’élevage français depuis l’après-guerre s’opère au profit des grandes cultures céréalières (blé, orge, maïs). Comment a-t-on pu en arriver là ? À l’hectare, les besoins en capital pour l’élevage sont 10 fois supérieurs à ceux nécessaires pour les grandes cultures, et le temps de travail en élevage, 3 fois supérieur. Les revenus à l’hectare, quant à eux, sont nettement inférieurs…
Réforme de la Pac : pas encore démarrée… et déjà dépassée !