Le Civam 29 s’est penché sur le thème de l’installation et du prix des terres lors d’une soirée débat. Pour le réseau, le coût de reprise des fermes freine les projets.
Alain Jacob, membre du Civam 29, pose en préambule les bases d’un débat organisé par la structure la semaine dernière à Châteaulin. « En 50 ans, le Finistère a perdu 10 fermes par semaine », illustre-t-il. Si le département comptait 32 753 fermes dans les années 70, on en recense 6 000 aujourd’hui. « Pour 10 départs à la retraite, il y a 5 installations », rappelle-t-il. Avec une population agricole vieillissante, « les fermes grossissent. Entre les mains de qui allons-nous laisser notre alimentation ? Les agriculteurs capitalisent pour leur retraite ; le Civam préfère soutenir un salaire plutôt que de capitaliser ». Et le paysan aujourd’hui à la retraite de prendre son propre exemple, « j’ai transmis ma ferme à un jeune grâce à un parrainage. Ce jeune a aujourd’hui pris ma place car le coût de reprise n’était pas important ».
Les Nima font le plein des stages 21 heures
Matthieu Ansaloni, co-auteur du livre « L’expropriation de l’agriculture française », précise que « le taux d’endettement des fermes est passé de 6 % dans les années 60 à 42 % en 2018. Les agriculteurs sont engagés sur un modèle de masse avec une production standardisée, le taux de profit est lié aux volumes ». L’intervenant estime que « ce qui fait le revenu, ce sont les aides publiques. Or ces aides sont alloués en fonction des moyens de production : beaucoup de terre, beaucoup d’aides. Mais ce n’est pas une fatalité, il y a des choix politiques à faire ».
Concernant les porteurs de projet, Matthieu Ansaloni constate que « l’agriculture attire toujours, les sessions de stage 21 heures regroupent 15 personnes, dont la majorité sont des Nima (Non issu du milieu agricole) ».
Le foncier est-il un frein ?
Une participante propose de « diminuer la taille des troupeaux, afin de libérer de l’espace pour les porteurs de projets ». L’achat de terre pèse dans les investissements lors d’une installation, « le prix du foncier peut être un frein », explique Jacques Gouérou, vice-président du Conseil départemental. Avec un hectare vendu « 6 000 €, ou parfois 15 000 € dans certaines zones du département, c’est démesuré ».
« Ne pourrait-on pas créer au niveau des communautés de communes une structure capable d’acheter du foncier pour installer des jeunes ? », questionne un participant. « C’est une très bonne idée, mais les communautés de communes n’ont pas la capacité financière pour le faire », déplore l’élu, en conclusion du débat.
D’autres soirées de programmées
Le Civam poursuit ses soirées d’échange, dans le cadre du mois de l’installation en agriculture durable. Pour assister aux débats, rendez-vous les :
• Mardi 22 novembre à 20 h, à l’espace Louis Coz à Plabennec, sur le thème suivant : « Comment sensibiliser ses voisins à la transmission des fermes ? » ;
• Mardi 29 novembre à 20 h, salle du Leurré à Plogastel-Saint-Germain, pour aborder le sujet : « La fuite en avant des troupeaux humains-bovins. Quelles perspectives d’installation en élevage laitier dans le Finistère ? »