Un pied à l’étrier grâce au maraîchage

 - Illustration Un pied à l’étrier grâce au maraîchage
Serge Viougea, président, Denis François, administrateur et Sabrina Mordelet, encadrante.
La ferme Rebom, à Sarzeau (56), accueille des personnes éloignées de l’emploi pour qu’elles retrouvent le fonctionnement et le cadre d’une entreprise. 46 % des sorties sont jugées positives.

En cette matinée de septembre, une dizaine de demandeurs d’emploi, de tous âges et de divers horizons, trient les oignons sous l’un des tunnels de la ferme Rebom, près du bourg de Sarzeau. Ils viennent de Vannes ou de la presqu’île de Rhuys, souvent en bus, parfois en voiture. Orientés par Pôle emploi ou par des assistants sociaux, ils s’engagent à travailler pendant 6 mois, à raison de 24 heures par semaine, sur le chantier d’insertion de maraîchage biologique. Ils participent à l’ensemble des travaux de production, livrent les légumes aux clients, vendent sur le marché de Sarzeau ou, directement, sur le site de production.

Accompagnement nécessaire

« Généralement, cela se passe bien », indique Serge Viougea, ancien maraîcher et président de l’association Rebom, « même si certains arrêtent au bout de quelques jours. D’autres, dépendants à l’alcool ou à la drogue sont exclus ». La plupart découvrent le maraîchage et parfois les légumes : « C’est cela une aubergine ? », confondent haricots et poivrons ou trouvent des ressemblances entre certaines plantes cultivées et le cannabis. La charge de travail peut être difficile à supporter : « Quand ils en ont marre, c’est le légume qui peut subir le coup de binette au profit des adventices ». Certains travaux suscitent l’adhésion du plus grand nombre : « Guider la bineuse, attelée au tracteur, a beaucoup de succès. Conduire les clients au champ pour les cueillettes libres, également ». Les trois bénévoles de l’association, qui se relaient sur la ferme, et les trois salariés, veillent au grain. « Rien n’est jamais acquis », disent-ils. « Il faut surveiller, la qualité des récoltes en dépend, les ventes également ».

[caption id= »attachment_72783″ align= »aligncenter » width= »720″] Un groupe de bénéficiaires.[/caption]

Travailler en équipe

Les plus volontaires, qui respectent leurs engagements, peuvent livrer la marchandise avec le camion de l’association. « Nous avons deux lieux de dépôts dans des entreprises vannetaises, où les clients récupèrent les paniers commandés en ligne », reprend le président. « À l’Université aussi, pour les étudiants, qui bénéficient de tarifs spéciaux ». Sur les deux marchés hebdomadaires de Sarzeau, la clientèle s’habitue aux vendeurs et est parfois déçue de ne plus les revoir au bout des 6 mois. « Le relationnel dans la vente est important. Certains d’entre eux s’en sortent très bien ». L’entraide, le travail en équipe, sont des valeurs qu’ils retrouvent et développent pendant les
6 mois d’insertion.

25 % trouvent un emploi

Les 120 000 € de chiffre d’affaires de la ferme ne couvrent pas les frais annuels de fonctionnement. « La structure est très subventionnée. Nous avons donc une obligation de résultat ». L’association se félicite du taux de 46 % de sorties positives. Entendez par là, une reprise de formation, un problème d’addiction réglé ou l’obtention d’un permis de conduire.
« 25 % trouvent un emploi à l’issue des 6 mois. Certains poursuivent même dans le maraîchage ». L’équipe encadrante y trouve une source de motivation. « C’est une vraie satisfaction de voir des personnes qui s’ouvrent, qui reprennent confiance ». Après les 6 mois, les liens avec les membres de l’association Rebom se distendent puis s’effacent. Un chargé d’accompagnement du groupe Néo Emploi (voir encadré), poursuit le travail d’aide au retour à l’emploi. 

Restaurants d’insertion et épiceries solidaires

Le Groupe Néo 56, 1er Groupement économique solidaire de Bretagne, regroupe dix structures de l’économie sociale et solidaire dont des restaurants d’insertion, des épiceries solidaires, une ferme maraîchère (Rebom). L’ensemble de ses structures favorise l’emploi durable sur le département du Morbihan, du pays de Vannes et d’Auray en développant des actions diversifiées. Le Groupe Néo 56 porte également les fonctions supports (communication, comptabilité, ressources humaines) nécessaires au fonctionnement des associations adhérentes.

À l’initiative d’un groupe d’agriculteurs

Le chantier d’insertion de Sarzeau a été créé en 2009, à l’initiative d’un groupe d’agriculteurs du secteur. La ferme compte 6 hectares de plein champ et 2 000 m2 sous tunnels. En 2021, 39 personnes ont intégré le parcours d’insertion, dont 10 femmes et 29 hommes. Un tiers avaient moins de 30 ans et un tiers plus de 45 ans. 40 % avaient un niveau scolaire supérieur ou égal au bac.


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