Les pertes de la filière espagnole en début d’année n’inquiètent pas Guillem Burset, consultant économique. Il se dit confiant en l’avenir et prédit un développement à l’étranger. Le 15 mai 1989, l’Espagne, déclarée indemne de peste porcine africaine, voyait un eldorado s’ouvrir à ses frontières. De 2 000 tonnes de viande de porc exportées, au début des années 90, elle est passée à 2 millions de tonnes actuellement. 58 % de la production quitte la péninsule. Comment le pays est-il devenu le leader européen, écrasant désormais tous ses concurrents ? « Nous avons écarté de nombreux éleveurs et abatteurs peu compétitifs », indique, sans l’once d’un remords, Guillem Burset, intervenant lors d’une journée technique organisée par l’Aftaa (observatoire des filières animales). Les outils industriels restants se sont ensuite développés grâce à un coût de la main-d’œuvre et des charges de structure plus faibles que dans les pays voisins. « On a pu payer les éleveurs, qui ont investi ». Même si ces distorsions se sont resserrées, l’expert estime que l’Espagne est toujours plus compétitive grâce à une organisation du travail très flexible. « Nous produisons moins en été, en raison de la chaleur. Nous réduisons le nombre d’heures travaillées dans nos outils industriels. Nous concentrons les vacances à cette période. Nous protégeons notre marché interne en exportant, par exemple, des porcs plus lourds vers l’Italie, à l’automne, quand l’offre abonde, quitte à perdre 5 à 10 cts du kilo ; c’est une sorte de dumping ». Près de 70 % de la production porcine espagnole est contrôlée par des firmes intégratrices, d’où la grande réactivité face au marché. Investissements au Mexique La récente levée de boucliers d’associations, voire de politiques, contre la filière porcine pour des raisons environnementales ou de bien-être animal, n’affole pas l’ancien directeur d’un grand groupe d’abattage. « C’est un problème, mais nos entreprises investissent à l’étranger. Dans dix…
Filière porcine espagnole : Des relais de croissance à l’étranger