Les compétences d’ingénieur mécatronique d’Alexandre Prévault-Osmani combinées à son expérience du maraîchage ont débouché sur cet engin électrique pensé pour simplifier et faciliter le travail au quotidien.
Sabi Agri est une entreprise de fabrication de tracteurs électriques maraîchers créée en 2017 par Alexandre et Laure Prévault-Osmani. En 2015, après ses études d’ingénieur mécatronique, le jeune diplômé décide de rejoindre l’exploitation agricole familiale en y créant un atelier de maraîchage biologique. À l’époque, il utilisait les tracteurs thermiques de la ferme qui n’étaient pas dimensionnés pour le maraîchage. « Le manque de polyvalence, la lourdeur des machines et leur surdimensionnement énergétique ne permettaient pas de faire un travail satisfaisant, qui soit précis et peu impactant sur le sol », raconte Sylvain Dumas, responsable commercial de Sabi-Agri.
Partir d’une feuille blanche
En parallèle de son activité de maraîchage, Alexandre Prévault-Osmani reprend sa casquette d’ingénieur avec l’idée de créer un porte-outil électrique répondant à 100 % à ses besoins de maraîcher. « Il repart d’une feuille blanche et des besoins agronomiques sans s’inspirer de ce qui existe déjà », précise Sylvain Dumas. Le premier prototype est mis en service en 2015. Afin de l’améliorer, il va le mettre en condition terrain chez plusieurs maraîchers aux 4 coins de la France. Il recueille alors les impressions et prend en compte toutes leurs remarques afin de faire évoluer l’engin. En 2017, la version définitive du tracteur électrique est lancée.Il arrête alors le maraîchage pour se consacrer à 100 % à cette nouvelle activité. « Dans la foulée, Sabi-Agri participe au salon Tech et bio à Bourg-lès-Valence dans la Drôme et le tracteur remporte le prix de l’innovation. »
De 25 à 50 ch de puissance électrique
Aujourd’hui, l’entreprise totalise 20 salariés et 3 produits sont commercialisés : un porte-outil modulable électrique en 2 roues motrices de 25 chevaux, un porte-outil modulable en 4 roues motrices électrique de 50 chevaux et un enjambeur viticole électrique. « Le modèle de 25 chevaux électrique correspond en puissance à du 40 chevaux thermique. C’est un matériel très polyvalent qui accompagne le maraîcher toute l’année pour la préparation de sol, du semis, du désherbage, binage, récolte… » Il est équipé d’un attelage 3 points à l’avant et à l’arrière ce qui permet d’y atteler n’importe quel matériel existant. Le siège est réversible et l’engin se pilote à l’aide d’un joystick. Son point fort est le binage, les moteurs électriques étant dans les roues, il y a une totale visibilité sur l’outil. L’engin est précis, silencieux, confortable et il n’y a pas de vibrations, dû à l’absence de mécanique. « Il est aussi très léger entre 900 kg et 1,1 t selon les options, ce qui limite fortement le tassement de sol. Ce faible poids lui permet d’être sobre énergétiquement pour gagner en autonomie. C’est un matériel conçu pour réaliser du travail du sol superficiel et non pour labourer. Les maraîchers qui cultivent sous serre apprécient qu’il n’y ait plus de bruit, ni de gaz d’échappement et donc plus d’odeurs désagréables. »
Une autonomie de 4 à 8 heures selon l’utilisation
Les interrogations sont nombreuses concernant l’autonomie de ce type de matériel. Sylvain Dumas annonce une autonomie de 8 heures en opération de binage et de 4 heures lorsque le porte-outil travaille avec du matériel nécessitant la prise de force. Avec un temps de charge de 1,5 heure, la pause de midi permet une recharge complète ce qui permet de faire 8 heures de travail sur la journée. Le chargeur se branche sur une prise en triphasé et le coût d’une charge complète pour la batterie au lithium est estimé à 1 €. « L’investissement pour un 2 roues est en moyenne de 39 000 €, le modèle d’entrée de gamme est à 35 000 €. Pour un 4 roues, la tarification débute à 55 000 €. Nous estimons à 87 % d’économie de coût de fonctionnement par rapport à un tracteur thermique lorsque l’on prend en compte l’économie de carburant et d’entretien courant. Ici il suffit d’un graissage régulier. »