Une table ronde, avant l’assemblée générale de l’OS Porc Bretagne, réunissant des spécialistes du SDRP, a permis de débattre de la stratégie de lutte à déployer au niveau national.
Toutes les régions françaises ne sont pas logées à la même enseigne. La Bretagne ne compte que 225 élevages négatifs ; la présence du virus semble banalisée. Un peu trop probablement. La Nouvelle-Aquitaine tente de conserver un statut quasiment indemne en pratiquant l’abattage progressif des animaux des élevages touchés (peuplement-dépeuplement). La région ne compte que quatre foyers actuellement.
Les Hauts-de-France, proches de la situation bretonne, déplorent de nouvelles contaminations tous les ans. La proximité avec la Belgique où sévit la souche américaine du virus fait craindre le pire. Le Grand Est applique, depuis un an, une politique de lutte calquée sur celle déployée en Bretagne, basée sur la connaissance du statut des élevages vis-à-vis du SDRP et la gestion des transports en conséquence.
Abattage progressif en Nouvelle-Aquitaine
« En région Aquitaine, l’abattage progressif (au fur et à mesure des départs à l’abattoir) coûte cher et n’est pas accepté par tous, notamment par les gros élevages. De plus, des incertitudes demeurent sur le financement de ces mesures radicales », indique Roxane Rossel, vétérinaire. « Nous misons aussi sur les protocoles de vaccination pour maîtriser puis éradiquer le virus. Globalement, les élevages restent négatifs. Les quelques foyers déclarés sont probablement dus aux transports d’animaux. Il ne faut pas baisser la garde ». Elle insiste également sur la nécessité de dépister le virus dans les autres régions et de limiter les mouvements d’animaux pour préserver le statut de la région.
Mesures de biosécurité collectives espérées dans les Hauts-de-France
Dans les Hauts-de-France, depuis 5 ans, la stratégie vaccinale et les mesures de biosécurité renforcées ont permis de limiter le problème. Les importations de porcelets en provenance de Belgique ou des Pays-Bas n’ont pas, jusqu’à présent, ouvert la porte à la souche nord-américaine du virus. « La situation n’est pas trop mauvaise mais nous serions plus sereins sans la maladie », indique Olivier Toulouse, vétérinaire. « La prise de conscience est réelle ; on le voit dans la conception des bâtiments (biosécurité), dans les épandages (pas à proximité d’élevages voisins). Je crois qu’il faudrait connaître le statut des élevages afin d’appliquer des mesures de biosécurité externes, collectives, plus protectrices ».
Aller plus loin en Bretagne
En Bretagne, David Riou, éleveur et président de l’OS Porc Bretagne, estime qu’il faut accentuer les efforts. « Le nombre d’élevages négatifs est insuffisant ; il faut sensibiliser les éleveurs pour qu’ils adhèrent à la démarche, connaître le statut sanitaire des élevages pour gérer les tournées des camions ; les transports sont le point d’entrée principal du virus. C’est à ce prix que les dommages économiques s’estomperont dans nos exploitations ». Les travaux de recherche scientifique se poursuivent, sur l’efficacité des protocoles de vaccination notamment ou sur la connaissance des souches du virus et de leur virulence. À l’étranger, le Danemark et les Pays-Bas annoncent leur ambition d’éradiquer le SDRP dans les vingt ans à venir. Même si leur démarche est encore à affiner, elle sera suivie avec attention.