Le site de l’assurance retraite a été pris d’assaut le 11 janvier. Le seul projet qui tient à cœur les Français serait-il d’arrêter de travailler ? On peut en effet être surpris par la passion – ou la déraison – que suscite la réforme du régime de retraite même chez les plus jeunes. On peut aussi être surpris que ce sont les moins favorisés dans le système de retraite – dont les agricultrices et les agriculteurs – qui sont les plus silencieux sur le sujet. Pas grand monde en fait pour les défendre dans cette foire d’empoigne qui apparaît plus comme une défense corporatiste des privilèges propres que la défense d’un système socialisant. Un peu de décence serait bienvenue…
Un peu de décence et de hauteur de vue. La « lutte » – le mot employé ne semble-t-il pas un peu fort ? – contre tout changement met en fait le voile sur les vrais enjeux de société. Car au-delà des messages galvaudés délivrés par les syndicalistes, les politiques et les instances qui leur sont affiliées, les incertitudes sont bel et bien ailleurs en ce début 2023. À commencer par le spectre russe de fondre sur l’Ukraine avec les milliers d’hommes mobilisés depuis plusieurs mois. Depuis quelques semaines, cette menace est prise très au sérieux par les milieux militaires occidentaux qui craignent une dégradation du conflit en guerre mondiale. Parmi les incertitudes évoquées par différents experts figurent aussi l’aggravation des tensions entre la Chine et les États-Unis, l’émergence de nouveaux variants plus agressifs du Covid et un nouvel emballement climatique comme en 2022. N’en jetons plus… Hélas si : l’hyper-inflation mondiale fait craindre l’émergence de mouvements sociaux dans de nombreux pays. La crispation française sur la réforme des retraites apparaît de fait bien dérisoire.