Au Gaec des Houssayes, l’orientation vers l’agriculture biologique a conduit au recul des surfaces en maïs et à l’abandon du robot de traite.
Jeudi 9 février, Sophie et Denis Bouguet ont ouvert leurs portes à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat de race normande des Côtes d’Armor. L’une des particularités de l’exploitation de Planguenoual (Lamballe-Armor) est d’avoir abandonné la traite automatisée pour revenir à une installation traditionnelle. « Quand le robot a été installé en 2010, le troupeau comptait 40 vaches. À l’époque tout fonctionnait, c’était royal », a expliqué le Costarmoricain. Mais l’effectif n’a cessé ensuite d’augmenter jusqu’à près de 80 laitières. « Le fonctionnement d’une stalle saturée est beaucoup plus stressant. Surtout, nous étions chagrinés de faire en permanence le yoyo en termes de résultats butyriques. »
L’enrubannage riche en MAT comme sojabreizh
En 2014, le robot d’occasion a été revendu sans difficulté grâce à une annonce sur Internet et une salle de traite 2 x 10 postes TPA remise en route. « Depuis, nous n’avons plus eu une seule pénalité sur la qualité du lait. » Dans la foulée, la conversion de l’élevage à l’agriculture biologique a été entamée. Les crises laitières de 2009 et 2015 ont pesé dans la réflexion. « Nous venions de livrer 500 000 L sur la campagne pour un résultat quasiment nul à l’arrivée », tranche Denis Bouguet. « En bio, 320 000 à 350 000 L sont collectés selon les années et on ne vit pas moins bien. La réduction notable des charges porte ses fruits. »
Misant sur un système simple et pâturant, le cheptel est dimensionné à la surface disponible. « 65 vaches sur 65 ha de SAU. Au-dessus, il faudrait acheter une partie de la nourriture… L’idée de produire un peu plus pour diluer les charges n’est pas toujours vraie », estime l’éleveur. 48 ha sont accessibles autour des bâtiments. Les terrains sont plutôt portants et dès début février, les vaches sont de sortie. Les prairies consacrées au pâturage représentent ainsi 32 ares / vache. Seuls 5 ha sont encore consacrés au maïs (c’était 20 ha avant le passage en bio). L’ensilage est proposé en système libre-service – maximum 5 kg MS par vache en hiver – complété par un apport d’enrubannage (500 bottes récoltées par an).
« Depuis deux ans, les vaches ne reçoivent plus de concentré. Malgré cela, le niveau de production dépasse les 5 000 L de lait par vache et la fécondité est au rendez-vous avec un IVV autour de 390 jours que nous voulons préserver. » Dans cette approche, la qualité des coupes d’herbe est primordiale. « Un enrubanné au top, contenant beaucoup de trèfle, atteint les 22 % de MAT. C’est notre sojabreizh. Mais une récolte huit jours trop tard ou une 2e coupe sans trèfle seront réservées aux génisses. »
Chercher la plus-value taux
Le Gaec livre un lait à 43,6 de TB et 34,8 de TP. Cela permet d’atteindre + 70 € / 1 000 L de plus-value. Sur la dernière campagne, la moyenne du prix du lait était de 473 € / 1 000 L (Biolait). Avec le passage en bio, le coût des fourrages a peu évolué (moins de maïs mais davantage d’enrubannage) et se situe autour de 40 € / 1 000 L. Par contre, le coût de concentrés (réservés aux veaux) est passé de 75 € / 1 000 L en conventionnel à 5 € aujourd’hui.