En un siècle d’existence, le lycée fouesnantais a décerné 7 000 diplômes agricoles et aquacoles. Au fil des générations, Bréhoulou a tissé une histoire de grande famille… et de petite famille où l’on y vient de mère en fille et de père en fils.
Un peu d’histoire pour commencer : l’école d’agriculture de Bréhoulou est née suite à un legs fait au département du Finistère par Alfred Buzaré. Charge au Département de créer une ferme-école d’agriculture dont l’objectif est d’offrir aux jeunes ruraux un enseignement mieux adapté à leur quotidien et faire obstacle à l’exode rural. Puis, charge aux enseignants d’œuvrer à « l’ouverture d’esprit » des jeunes. Tel est aussi le credo un peu singulier de ce lycée agricole. En effet, alors que la majorité des écoles d’agriculture bretonnes s’attachent à préparer les jeunes à un métier, Bréhoulou a toujours insisté sur la nécessaire connaissance et adaptation des jeunes au monde qui les entoure pour qu’ils s’épanouissent dans leur vie professionnelle et personnelle.
Des amitiés durables
Les jeunes eux savent mieux que quiconque qu’une école n’est pas seulement un lieu où l’on emmagasine des connaissances. Elle est aussi, d’abord, un lieu où l’on tisse un réseau de relations qui résiste au temps. À l’image de Marc Lucas qui a gardé « de bonnes amitiés. Vingt-cinq ans après notre fin d’études, nous organisons encore une rencontre tous les deux ans ». Cet agriculteur, installé à Saint-Thois, évoque « la bonne ambiance et la convivialité » qui ont marqué ses cinq années passées là-bas, entre terre et mer non loin des plages de Beg-Meil, Cap-Coz et Mousterlin. Une situation géographique – mais pas seulement – qui vaut à l’école ce surnom transgénérationnel de Club Med.
À quelques encablures de là, Guillaume Keraval, 29 ans, se souvient de sa première visite et du « déclic pour Bréhoulou ». Désormais installé à Laz, ce jeune agriculteur se réjouit de sa « bonne équipe de copains qui se voient quatre fois par an ». Et d’ajouter : « Au-delà de l’amitié, nouée surtout en bac pro quand nous étions internes, nous nous arrangions super bien avec les profs ». Aujourd’hui, Guillaume Keraval « renvoie l’ascenseur » en accueillant des stagiaires en reconnaissance de la « bonne formation » qu’il a reçue. Et actuellement, ce n’est autre que Lucas Paugam, le fils de Marc, qui effectue ses stages de terminale Bac pro CGEA chez lui. « Après une seconde générale, je voulais m’orienter vers l’agriculture. Mon père avait fait Bréhoulou, il en gardait un bon souvenir, puis nous sommes allés à la porte ouverte et mon choix était fait », raconte Lucas qui envisage de poursuivre en BTS. Sans doute rejoint par son petit frère, Romain, qui espère bien être pris en seconde générale à la rentrée prochaine. « Je veux être agriculteur », dit-il sans détour, précisant qu’il a fait son stage de 3e chez… Guillaume Keraval.
Trois sœurs, un parcours
Sur l’autre versant des Montagnes Noires, à Spézet, le lycée agricole de Fouesnant est aussi une histoire de famille. Claudia, Cindy et Laura Guellec ont toutes trois marché dans les pas de leur mère, Michèle, qui a fréquenté l’école d’agriculture fouesnantaise au début des années 80. « Le point commun entre nous, c’est l’agriculture », résument les trois sœurs qui avouent que leur enfance et adolescence à la ferme sont remplies de « super-souvenirs. Nous avons appris à nous amuser à la ferme, mais aussi à y travailler alors que nous étions petites. Nous avons appris à aimer le métier car nous avons été impliquées très jeunes », disent-elles de concert.
Aujourd’hui, Claudia est installée en Gaec avec ses parents sur la ferme laitière familiale. « J’ai toujours voulu être agricultrice », explique-t-elle. D’où ce choix évident pour elle de « faire l’école d’agriculture ». Ses sœurs cadettes, elles, ont choisi d’exercer dans le para-agricole, mais viennent « très régulièrement » donner un coup de main sur la ferme. « Nous avons toutes deux fait des bacs généraux, STG pour l’une et ES pour l’autre », disent les jumelles qui ont rejoint le lycée de Bréhoulou pour suivre un BTS Acse, complété d’une licence MOA.
Donner envie de s’installer
« Aujourd’hui, je travaille pour Icoopa », indique Laura qui avoue avoir « passé de bonnes années » au lycée fouesnantais. Tout comme sa sœur, Cindy, actuellement conseillère agricole au Crédit Agricole et qui, de son côté, évoque « la vie étudiante très riche » qui se prolonge encore quelques années plus tard. « Nous avons une conversation Messenger encore active entre anciens et tous les ans nous organisons un week-end en mars quand les agriculteurs ont moins de travail ». Et les trois sœurs de s’accorder sur le fait que « l’école d’agriculture ouvre vers de beaux horizons ». Avec ce bémol : « Il faudra donner envie aux jeunes de s’installer. Entre autres grâce à une meilleure rémunération. Sinon, l’agriculture a des soucis à se faire… ».