Des fosses pédologiques ont été creusées en pleine zone légumière, à quelques centaines de mètres l’une de l’autre. Les sols ont montré de grandes différences en dévoilant leur profil.
Les bonnes pratiques culturales poussent à respecter des conditions ressuyées lors des chantiers de récolte afin de préserver au maximum la structure de son sol. Cette simple indication, facile sur le papier, est plus difficile voire impossible à mettre en œuvre quand sa sole est quasi exclusivement composée de cultures légumières. Les lourdes remorques de choux-fleurs laissent des traces à des périodes de l’année où la terre est gorgée d’eau.
Porosité et réserve utile
Invité à commenter des profils de sol creusés dans la zone légumière par Res’Agri Légumes 29, Daniel Hanocq, conseiller en agronomie à la Chambre d’agriculture, a fait observer, sur une parcelle de mini-choux fraîchement récoltés, que « les buttes sont très bien structurées, le fond de labour est légèrement perturbé ». En revanche, au niveau du passage de roue de la remorque automotrice, la structure s’est affaissée. « Observer l’enracinement est le meilleur moyen de savoir si le sol est compacté ou non ». Sur ce champ de Saint-Pol-de-Léon (29), le chevelu descend en profondeur, les vers de terre aussi : il ne sera pas nécessaire de faire appel à un décompacteur. Utiliser cet outil revient à « envoyer son sol sur la table d’opération ». La porosité de ce sol permet de créer une réserve utile de 2 mm/cm de terre, soit sur ce profil un total de 240 mm.
En voir de toutes les couleurs
Située sur la même commune, mais avec un précédent chou-fleur, une autre parcelle montre un tout autre aspect. Les traces des remorques sont clairement visibles. « Le compactage d’un sol est encore plus important quand le sol est mouillé : l’eau est incompressible, elle fait l’effet d’un piston. On compacte plus et plus profond ». Une zone grise s’est formée à l’endroit du passage des roues, avec une odeur de fermentation. Les choux-fleurs ont été récoltés fin janvier, les ornières se sont remplies d’eau. « On trouve alors de la terre de couleur rouge, liée à la présence d’oxyde de fer. Le gris/bleu témoigne non plus d’une forme ferrique, mais de fer ferreux ». Des taches blanches montrent que le fer et l’argile sont partis de la surface du sol. La parcelle demandera « un vrai et bon décompactage, mais il faut impérativement attendre le sec ».