Lundi 20 mars, l’hiver 2022-2023 tirera sa révérence. L’hiver ? Quel hiver ? La température moyenne bretonne de l’hiver 2023 s’établit à 7,4 °C soit + 0,5 °C au-dessus de la moyenne de la période de référence 1991-2021. En fait, l’hiver n’existe quasiment plus sous nos latitudes. Les vagues de froid d’antan enregistrées depuis 1947 ont disparu. L’hiver 1956 avec ses températures exceptionnellement basses et dans une moindre mesure la vague de froid de février 1985 sont les derniers vestiges de ce que pouvait être jadis un hiver en Bretagne. Et encore, ce n’étaient pas les hivers « à pierre fendre » qui ont jalonné l’histoire climatique des siècles précédents. Les annales historiques citent, par exemple, la rigueur de l’hiver 1709 dont le mois de janvier est toujours classé le plus froid des 500 dernières années. 600 000 Français périrent de froid ou de faim cette année-là avec un prix du blé multiplié par 6.
La mémoire climato-météorologique étant éphémère, nous avons oublié qu’en hiver il fait normalement froid, qu’il pleut et qu’il vente. L’anormalité, c’est l’hiver actuel qui se meurt sans jamais avoir existé, comme ceux qui l’ont précédé ces dernières décennies : la totalité des hivers les plus doux depuis 1900 se concentre en effet sur les 25 dernières années, et aucun des hivers les plus froids recensés en France n’a eu lieu ces 50 dernières années.
L’hiver n’est donc plus, comme jusqu’au mitan du XXe siècle, la saison la plus redoutée par les populations européennes. Depuis quelques années, c’est désormais l’été qui devient la mauvaise saison à passer. Les manifestations de la puissance des sécheresses et des canicules sont capables de figer un pays, comme le faisaient autrefois la glace et la neige. Et on tremble désormais à l’idée d’avoir trop chaud…