Rés’Agri Châteaulin a fait témoigner lors de son assemblée générale des agriculteurs qui se sont organisés pour se dégager du temps libre.
« Nos métiers sont de plus en plus complexes. Il faut être technique, maîtriser les aspects financiers, administratifs, les normes environnementales, savoir manager le personnel… Pour un agriculteur, est-il possible de travailler 20, 30 ou 40 ans la tête dans le guidon, sans penser aux siens ? », introduit Anthony Taoc, aviculteur et membre de Rés’Agri Châteaulin, lors de l’assemblée générale de l’association. Le thème « Le travail oui, la famille, les amis et le reste aussi » a animé les échanges de la soirée, à Pleyben.
J’investis dans des heures de sommeil
Roland Quintin estime qu’il est « primordial de maîtriser sa santé mentale et physique. Sinon, nous ne sommes plus aptes à prendre les bonnes décisions ». Le producteur de porcs de Plonévez-Porzay abrite aussi sur son site de production une unité de méthanisation et des panneaux solaires. « 40 ans sans lever la tête, ce n’est pas tenable ». Le Finistérien s’est fixé dès le début de son activité des règles d’organisation, avec 2 semaines de vacances par an, « des tours de garde avec les salariés. À l’époque, c’était novateur ». Avec son équipe de 3 salariés, Roland Quintin est « organisé pour être remplaçable à tout moment ». Il estime aussi garder « 10 % de mon esprit libre. J’investis dans des heures de sommeil : si un projet m’empêche de dormir, je l’abandonne ».
Du minitel aux débuts d’Internet, l’éleveur a su tirer profit des nouvelles technologies pour prendre du recul. « Mais il faut faire le tri : quelle innovation rend esclave, laquelle libère ? »
Des loisirs qui ne manquent pas de punch
Benjamin Moré a juste eu le temps de défaire ses valises pour venir témoigner lors de cette soirée. Le jeune agriculteur installé en production laitière avec son frère Gillian à Landévennec revient d’un séjour en Thaïlande, pour parfaire sa technique en suivant un stage de boxe. En routine, les associés terminent leur journée de travail « à 18 h 30. Je fais 3 à 4 fois du sport dans la semaine, cela me vide la tête ». Organisés, les 2 frères anticipent le départ en retraite de leur père, ainsi que la fin de l’aide de leur oncle. « On va se retrouver à 2 UTH, on se prépare déjà. La pression des annuités est encore forte, il faut faire les bons choix ». Embaucher un salarié, passer en monotraite ou en traite flexible, avec 10 traites sur 7 jours… sont autant de pistes évoquées pour garder ce temps libre. « Il faut être ouvert d’esprit. Nous essayons de transposer ce que nous avons vu pendant des voyages en Irlande, en Australie ou en Nouvelle-Zélande ».
Le salarié fait partie de la famille
L’embauche d’un salarié pour suivre les 7 000 m2 de bâtiment en aviculture « nous dégage 1 week-end sur 3 », chiffre Anaïs Le Coent, installée avec son frère à Landeleau. La récolte des cultures est déléguée, comme le lavage intérieur des poulaillers, « ce qui nous libère du temps. À notre installation, toutes les cartes ont été mises sur la table. La banque et les centres de gestion étaient là pour nous alerter si le temps consacré à la vie de famille n’était pas suffisant. Avec des associés et des salariés, les choses doivent impérativement être dites dès le départ », fait observer Florian Le Coent. Aujourd’hui, « le salarié fait un peu partie de la famille », conclut le jeune aviculteur.