De la paille récoltée à la bonne taille

15684.hr - Illustration De la paille récoltée à la bonne taille
Récolte avec le bec Kemper, début avril.
D’un côté une association de développement du chanvre en Bretagne, de l’autre une entreprise de vente et de réparation de matériel agricole. La rencontre de ces 2 acteurs a permis de mettre au point un procédé de récolte des pailles de chanvre.

Jusqu’en 2005, « les pailles de chanvre étaient considérées comme des déchets. On peut aujourd’hui récolter cette matière basse qui sert à différents débouchés », résume Pierre-Yves Normand, qui travaille depuis de nombreuses années sur la plante. Le président d’ABCD (Association Bretagne chanvre développement) montre que le chanvre coche toutes les cases des cultures vertueuses. L’itinéraire se conduit sans herbicides ou insecticides, « sans arrosage et sans passage de tracteur entre le semis et la récolte ». De plus et suivant les densités (de 10 000 à 1 million de plants par hectare), les débouchés peuvent différer : que ce soit avec la graine pour l’alimentation humaine, la fleur pour le bien-être, la fibre pour le textile ou la paille pour des pellets, tout se transforme dans cette plante « qui laisse en plus beaucoup de carbone dans le sol avec ses racines ».

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De gauche à droite : Pierre-Yves Normand d’ABCD, Bastien Moysan, agriculteur à Daoulas, et Jean-Luc Péron, de la SARL Péron.

Non mature ou rouie

Pour redonner ses lettres de noblesse à la paille de chanvre, ABCD s’est rapprochée de la SARL Péron à Daoulas, entreprise spécialisée dans la vente et réparation de matériels agricoles. Pierre-Yves Normand a ainsi pu trouver le bon interlocuteur pour « récolter une paille de chanvre frais non mature, ou une paille rouie sur pied. On est capable désormais d’augmenter la plage de récolte possible, pour atteindre 6 mois ». Une paille de chanvre non mature ramassée après récolte des graines demandera une phase de séchage. Autre possibilité, une récupération de la paille très précocement dès la fin août pour bénéficier de conditions sèches dans le cas où les graines de chanvre ne sont pas récoltées. La paille rouie est, quant à elle, ramassée pendant ou après l’hiver.
Début avril, une tête de récolte à 2 tambours a réussi à récolter des pailles restées sur pied pendant l’hiver dans un champ, à Laz. « Le plus difficile sur ce type de chantier est d’amorcer l’ensileuse, qui n’est pas gavée en paille », fait observer Jean-Luc Péron. Le bec Kemper a réussi à s’emparer des pailles, sans les enrouler, pour les évacuer vers le groupe hacheur. Monté sur le relevage arrière d’un tracteur, le besoin en puissance pour ce type de chantier est faible. « Utiliser une ensileuse à forte puissance ne règle rien, tout comme le fait d’utiliser une tête à 4 tambours : la tige s’enroule sur les tambours et ne s’évacue plus ».

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Fibre ou pellets

Autre alternative de récolte, un pick-up Çel Mak capable de ramasser un andain ou de broyer une balle ronde de paille de chanvre. Avec ces 2 types de matériels, Pierre-Yves Normand et Jean-Luc Péron ont réussi à trouver des solutions techniques qui produisent des tailles de brin à la carte : fibres longues de 40 cm pour la filière textile, paille courte de 4 cm pour la fabrication de pellets. « La biomasse produite par 1 ha de chanvre est supérieure à celle produite par 1 ha de forêt », note Pierre-Yves Normand. À raison de 5 t de paille produites par hectare, les pellets de chanvre s’avèrent être une solution locale et économique, « en affichant un bilan carbone de zéro ».


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