Faire pousser ses idées

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Dorian Louw et sa compagne Marine Angoujard ont choisi de s’implanter dans le Finistère pour concrétiser leur projet agricole.
Dans toute installation agricole, la bonne adéquation entre le projet, l’humain et la structure constitue un élément clé du succès. Dorian Louw et Marine Angoujard ont pris le temps de construire un projet à leur image, en accord avec leurs savoir-faire et convictions, avant de se mettre en quête d’une exploitation et de poser leur sac en Bretagne.

Inhabité durant près de deux ans, le hameau de Creangoff, à Querrien, revit depuis quelques mois. C’est ici, au cœur de la campagne de cette commune rurale du Sud Finistère que Dorian Louw et sa compagne Marine Angoujard ont choisi de concrétiser leur projet professionnel et familial. Avant de quitter le Sud-Ouest pour la Bretagne, ces jeunes trentenaires ont tous deux bourlingué et accumulé les expériences. Lui, géographe environnementaliste de formation, a exercé comme ouvrier agricole, chargé de mission, technicien semences, spécialiste de la gestion des milieux naturels, collaborant notamment avec le conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie. Elle, diplômée de l’Ecole nationale d’architecture et du paysage de Bordeaux, a travaillé en Argentine, au Chili et au Pérou, puis dans un bureau d’études toulousain avant de devenir ouvrière agricole au sein d’une exploitation maraîchère bio au Pays basque.

« J’ai toujours eu en tête d’avoir un jour mon terrain et de l’exploiter, se souvient Dorian, même si, au départ, c’était plus dans une optique d’autosuffisance ». Au fil des ans, l’envie va mûrir. Et prendre une tournure plus professionnelle. « Avec Marine, on s’est beaucoup renvoyé la balle pour construire un projet commun évolutif, où chacun puisse apporter ses connaissances. Avec d’un côté l’arboriculture, de l’autre le maraîchage, on se complète bien ! »

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Le bon coin

Reste à trouver le lieu pour concrétiser cette aventure commune. Marine ayant des attaches bretonnes et notamment une sœur et un beau-frère déjà installés sur une exploitation sud-finistérienne, le couple est prêt à mettre le cap à l’Ouest. Une première piste se présente à Baye, dans le pays de Quimperlé, via une offre de la Safer. Le duo postule mais n’est pas retenu. Pas question d’abandonner pour autant. La quête se poursuit et c’est finalement sur un célèbre site de petites annonces que Dorian et Marine dénichent le bon coin où s’implanter : une petite structure finistérienne avec 4,5 hectares de terres, un tracteur, une maison à rénover, quelques bâtiments… Un ensemble que l’on aurait dit calibré pour eux. Alors en route pour la Bretagne, direction Querrien !
S’ils sont tous deux passionnés, les porteurs de ce dossier n’en gardent pas moins les pieds sur terre, comme en témoigne leur projet. Etude de marché, analyse des débouchés, organisation spatiale de l’exploitation… Rien n’a été laissé au hasard.

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L’organisation spatiale de l’exploitation prend en compte la nature des sols et l’exposition des parcelles.

Une logique locale

Sur la parcelle attenante à la maison, est implanté l’atelier maraîchage qui comprend un hectare cultivé en plein champ et deux tunnels – montés avec les concours des agriculteurs voisins – pour une surface totale sous serres de 745 m². Au programme : oignons, mesclun, courgettes, tomates, poivrons, aubergines et autres concombres. « Il nous semble primordial de pouvoir offrir aux clients une gamme variée ». Des légumes qu’ils comptent commercialiser eux-mêmes, dès ce printemps, sur les marchés des environs, « pour rester dans une logique locale. Et ce sera aussi l’occasion d’avoir un retour direct de la clientèle ». La baisse récente de la consommation des produits issus de l’agriculture biologique ne les tracasse pas outre mesure. « Sur le créneau que nous visons, à savoir le bio accessible, il y a toujours de la demande », constate le couple.

Une approche prudente

Parallèlement au maraîchage, un atelier arboriculture verra le jour à l’automne prochain. Le verger comprendra 560 arbres de différentes essences – pommiers, cerisiers, pruniers, noisetiers… – répartis sur 1,5 hectare. « Le choix des variétés n’est pas encore définitivement arrêté. Il sera fonction des résultats de l’analyse de sol que nous effectuons avec le concours du Groupement des Agriculteurs Biologiques du Finistère auquel nous avons adhéré ».
Décidés à ne pas brûler les étapes, les deux exploitants ont opté pour une approche prudente avec une montée en puissance progressive. « C’est Dorian qui s’installe », explique Marine, qui, dans un premier temps, épaulera son compagnon « en tant que conjointe collaboratrice, tout en conservant la possibilité de travailler à l’extérieur si besoin ». Mais l’objectif à terme est bien que la ferme se développe et que tous deux puissent en vivre sur la durée. À Creangoff, l’avenir se conjugue à nouveau au présent ! Jean-Yves Nicolas

Un véritable partenaire

Dans le cas d’une installation, avant même de regarder si le projet est économiquement viable, j’accorde de l’importance à la personne, à son expérience, sa motivation, sa vision du métier… J’essaye de comprendre comment l’exploitant compte s’investir et s’organiser dans son travail tout en veillant à se dégager du temps pour lui, car c’est primordial. Je ne conçois pas mon rôle comme se limitant à juste prêter de l’argent. Je me considère comme un véritable partenaire de l’exploitation. À travers mon regard extérieur et mon vécu, je peux apporter du conseil. Et cet échange est aussi l’occasion pour moi d’apprendre de nouvelles choses. La force de Dorian est d’avoir déjà de l’expérience dans divers domaines agricoles, il a pris le temps de faire ses armes et d’apprendre. Il possède une grande motivation. Et son projet comporte une réelle dimension écologique, un critère qu’il faut aujourd’hui prendre en compte. anne-hélène vincendon, Chargée de clientèle agricole, Pôle d’expertise CMB de Quimperlé


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