Jeudi 23 mars, lors des assemblées générales des sections lait et viande bovine d’Eureden au Nivot à Lopérec (29), les débats ont tourné autour des prix payés éleveurs et du renouvellement des générations, composantes incontournables de la continuité des filières.
Sur 2022, Eureden comptait 568 apporteurs de lait pour 370 millions de litres collectés (650 000 L par point de collecte en moyenne). Sur l’année, 36 arrêts de livraison ont été dénombrés majoritairement en lien avec des départs en retraite. En contrepartie, depuis 2018, le groupe coopératif note 15 ou 16 installations en production laitière par an. « Alors que pour la 3e année consécutive, notre collecte est en légère baisse, cette question nous inquiète. Notre but est d’installer 20 à 25 producteurs de lait par an », a expliqué Frédéric Conq, président de la section lait, jeudi 23 mars, au Nivot (29) à l’occasion des assemblées générales des sections bovines. « Mais la vision d’une filière laitière bretonne demain passe forcément par un prix du lait attractif. À la section, notre objectif reste la construction et la défense de ce prix payé au producteur. »
L’Europe a surfé sur le beurre – poudre
En 2022, le prix de base moyen distribué par la coopérative a été de 423 €/1000 L. « Sur 2023, ce sera probablement entre 440 et 450 €. Même si les cotations beurre – poudre sont en baisse, les perspectives semblent favorables », a précisé l’éleveur de Plouarzel (29). Des niveaux « nécessaires » face à la hausse des charges (aliments, énergie, matériaux…). Dans l’assemblée, un adhérent a demandé alors comment expliquer « un tel décrochage » du prix français par rapport aux autres pays européens malgré « le rôle de l’Interprofession en France et la loi Égalim qui sanctuarise une partie du prix du lait dans les négociations commerciales ». Frédéric Conq a concédé que « ce décalage de 100 à 150 € / 1 000 L est effectivement énorme. Habituellement, on parle d’un écart de 10 €… » Fabien Russias, directeur général de Laïta, a complété : « Entre le nord de l’Europe et la France, il y a des approches différentes : par exemple, l’Allemagne pratique des négociations commerciales trimestrielles qui apportent de la réactivité au marché. » Le mix produit de leurs entreprises s’appuie davantage sur l’export (beurre – poudre – fromage ingrédient) quand l’important marché intérieur français s’articule autour des PGC. « Le prix du beurre – poudre en 2022, jamais vu à ce niveau depuis 2013, les a portés. Mais la baisse du cours des commodités ces derniers mois change la tendance : le prix du lait en Belgique par exemple est actuellement de 405 €/1000 L et n’a pas fini de descendre… »