Les Jeunes Agriculteurs de Bretagne ont invité François Gemenne, rapporteur du Giec, lors de leur assemblée générale. Le spécialiste insiste sur le fait que l’élévation des températures est durable, mais que chaque geste compte pour limiter les émissions de GES.
« Chaque année depuis 2010 nous battons des records de chaleur. On a tendance à les voir comme des évènements exceptionnels. Ce sont en fait des évènements structurés, qui deviennent la normale », introduit François Gemenne, rapporteur du Giec. Le spécialiste du climat est intervenu lors de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de Bretagne, à Pontivy (56). La hausse des températures « est un phénomène irréversible : dans les 100 prochaines années, vos exploitations agricoles et vos cultures ne verront pas la température baisser. C’est une erreur de parler de crise climatique, qui donne l’impression de l’aborder une situation temporaire ». Changement d’époque donc, « les géologues justifient le passage à une autre période géologique : nous quittons l’holocène, qui couvrait les 12 000 dernières années, et marquée par le début de l’agriculture. Nous entrons l’anthropocène ». Derrière ce nom, une phase géologique où l’Homme a un impact direct sur la planète.
Chaque dixième de degré compte
La moyenne actuelle des températures en France est de 14 °C, elle pourrait passer « potentiellement à + 5 ou + 6 °C ». Faut-il pour autant baisser les bras face à une situation qui semble nous échapper ? Hors de question selon le rapporteur qui invite à « se battre pour chaque dixième de degré de gagné : l’enjeu au cours de ce siècle est d’essayer de ralentir et de stabiliser les GES. Une fois ces gaz stabilisés, les températures pourront commencer à baisser ». Toutes les actions comptent dès aujourd’hui pour « diminuer nos émissions et par conséquent contrôler la hausse des températures futures ».
Rebondir sur un projet
François Gemenne salue le dernier Plan Eau présenté par le gouvernement, « mais il aurait mérité d’être présenté il y a 10 ans ». La raréfaction des ressources en eau demande « un débat apaisé, il faut se poser la question d’un partage équitable. La création de nouvelles bassines doit être concertée ».
Trouver les cultures les plus viables, stocker davantage de carbone, baisser ses émissions, « des projets qui demandent du courage et de l’audace », prévient le rapporteur. « Stocker du carbone, oui, mais il ne faut pas que les entreprises qui émettent des GES se dédouanent en utilisant le carbone stocké sur nos fermes », lance un jeune agriculteur. Le syndicat rappelle enfin que « le rôle de l’agriculture, c’est d’abord de nourrir sa population ».