Depuis 3 ans, Jean-François Bréhaut produit 10 hectares de blé sur sa ferme laitière de Nostang. Une culture à destination humaine qui apporte du sens et une marge économique appréciable.

L’année 2022, par ses caractéristiques climatiques extrêmes, a marqué Jean-François Bréhaut. « La production d’herbe a chuté, passant de 7 tonnes de MS/ha en année normale à 4 t de MS/ha. Dès le mois de mai, j’ai tapé dans les stocks d’enrubannés », indique l’éleveur qui avait abandonné la culture du maïs en raison de rendements trop aléatoires dans cette zone littorale séchante. La production de lait a chuté en été entraînant un manque à gagner de 15 000 € (212 000 litres livrés l’an dernier chez Biolait). L’éleveur a acheté 60 tonnes de foin dans le nord du département pour un coût estimé à 8 000 €, transport compris. Quelques pertes sur des semis (Moha, trèfle d’Alexandrie, sorgho) ont porté le préjudice total de l’année à 28 000 €, que les 3 000 € d’aides n’ont pas compensé. Ces pertes se sont ajoutées à la crise de surproduction de lait bio (40 % de la production vendue en conventionnel). « J’ai dû me séparer de mon salarié et je suis passé en monotraite pendant l’été pour alléger la charge de travail ».

Croisement trois voies

Ces dernières années, pour mieux résister aux sécheresses estivales, le mélange RGA-trèfle blanc a cédé la place à des mélanges multiespèces, à base de dactyle et de fétuque, « moins appétents mais aux rendements supérieurs », semés à la volée. De la mi-mars à la mi-juillet, le pâturage assure la totalité de la ration de la soixantaine de laitières (50 hectares accessibles). Le parcellaire pâturé est divisé en une
vingtaine de paddocks de 1,7 ha (2 à 3 jours). « Le temps de retour est de 20 jours, réduit à 15 jours en présence de dactyle ». Ensuite, le foin et l’enrubannage prennent le relais. Les cinq hectares de méteil sont ensilés. Les vaches n’ont pas de concentrés. Elles produisent 4 500 litres, en moyenne, dans l’année. Les ¾ des vêlages sont groupés au printemps. Le renouvellement est faible ; 8 génisses sont élevées tous les ans pour un vêlage à 24 mois. Le croisement trois voies est réalisé pour augmenter la rusticité et les taux. Pour maîtriser sa charge de travail, l’éleveur envisage de pratiquer la monotraite pendant la baisse de production estivale et quelques semaines en hiver. Les génisses et les taries tournent sur une quarantaine d’hectares, dont une partie de l’accessible.

1 156 € de marge par hectare de blé

Depuis 3 ans, Jean-François Bréhaut sécurise son système en diversifiant sa production. Dix hectares de blé panifiable sont semés après prairie. Les semences sont lavées au vinaigre pour lutter contre la carie puis semées, après labour peu profond, à une densité de 200 kg/ha (mélange de plusieurs variétés dont 50 % achetées dans le commerce). Un désherbage a lieu à la mi-février, à la herse étrille. « Après prairie, le salissement est faible et l’apport d’azote important ». L’an dernier, le rendement était de 32 q/ha, à un taux de protéines de 11,5 %. Le producteur vient d’acheter un nettoyeur-séparateur pour éliminer la verdure qui peut redonner de l’humidité au blé et occasionner des pénalités. L’été 2021, très humide, avait été problématique à ce niveau. La récolte est vendue à la meunerie Aster de Muzillac (510 €/tonne). La préparation du sol et le
désherbage sont effectués par le producteur. Le semis et la moisson sont réalisés par ETA. L’an dernier, la marge brute par hectare était de 1 156 €. Un devis est en cours pour construire un bâtiment de stockage avec cellules. La surface n’excédera pas dix hectares pour conserver l’autonomie alimentaire du troupeau de vaches.

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