Sylvain Merceur est convaincu et très motivé pour se passer de chimie dans la gestion de l’enherbement de son maïs. Cette année, le désherbage a été plus compliqué sur les parcelles semées précocement, mais l’éleveur prévoit de continuer dans cette démarche.
Tout démarre l’année dernière par une alerte émanant de la Chambre d’agriculture et de la Communauté de Communes du Pays d’Iroise, qui attirent l’attention sur la présence de traces de S-Métolachlore dans le captage d’eau du Langoadec, à Milizac (29). « Nous avons réfléchi ensemble aux actions à mettre en place pour retirer la chimie dans le désherbage de nos maïs », note Sylvain Merceur, agriculteur sur la commune. Naturellement, en guise de réponse, les solutions mécaniques coulent de source. Sur la ferme laitière dans laquelle il est associé avec son frère et son ancien maître de stage, « nous avions déjà une herse étrille en copropriété. 100 % des surfaces concernées par le captage ont donc été nettoyées mécaniquement l’an passé ». Trois passages de cette herse et un passage de bineuse sont venus à bout des adventices.
100 % mécanique à moyen terme
Cette année et avant de semer, Sylvain Merceur a labouré ses terres autour du 11 avril. Un 1er passage de roto-herse est venu refermer ce labour, le second passage effectué la veille du semis de maïs (au 2 mai) a terminé la stratégie de faux semis. Un passage de herse étrille d’une largeur de 6 m à l’aveugle a été réalisé le lendemain de ce semis, « pour brouiller les lignes et diminuer les attaques de choucas ». Puis l’épisode pluvieux est arrivé, empêchant toute intervention mécanique. Pour autant, les parcelles sont restées relativement propres même si, par endroits, certaines adventices se sont développées. Cette semaine, l’éleveur a pu passer sa herse pour nettoyer le rang et l’inter-rang. « Les chénopodes sont les plus difficiles à avoir. Je préfère passer la herse en travers des rangs que dans le sens du semis, je trouve qu’il y a moins de pertes. Pour utiliser une herse, il faut rester concentré ! », prévient le Finistérien, qui a décidé d’élargir à moyen terme sa stratégie de désherbage mécanique à la totalité des 42 ha de maïs. « Il faut se lancer. Dans tous les cas, le nombre de molécules chimiques diminue ; nous n’aurons plus le choix. Le faire aujourd’hui, c’est préparer demain ». La Cuma de Beg Avel dans laquelle l’agriculteur adhère semble aussi emboîter le pas : « Nous réfléchissons à investir dans une houe. En mécanique, il faut passer plusieurs fois et être équipé. Enfin, il faut accepter un peu d’enherbement, mais qui n’a pas de conséquence sur la production laitière », assure-t-il. L’an passé, dans ce secteur favorable aux cultures, le maïs a produit 18 t MS/ha.
Tous dans le même sens
« Depuis l’année dernière, nous construisons les façons de désherber avec les agriculteurs concernés par le captage, notamment sur la façon de s’organiser avec le matériel. Chacun a sa méthode mais la base reste la même : se passer de S-métolachlore », résume Odile Le Du, conseillère à la Chambre d’agriculture de Brest. Tous les agriculteurs concernés par le captage ont répondu favorablement à des changements de pratiques. Le fait de substituer par des outils mécaniques le désherbage chimique portera ses fruits « sur le long terme ».