Comme traditionnellement le jeudi de l’Ascension, le lycée finistérien du Nivot fera la fête. Avec une ambiance un peu particulière pour cette édition 2023 : l’établissement fêtera ses 100 ans d’existence.
Qui mieux qu’un professeur d’histoire géographie et d’éducation socioculturelle pour raconter les différents chapitres du lycée agricole du Nivot ? Hervé Guirriec, enseignant pendant 36 ans dans l’établissement finistérien, retrace avec des photos d’époque la naissance du grand et impressionnant bâtiment construit en 1923. Tout commence le 10 avril 1922, date à laquelle la première pierre, recevant la bénédiction de monseigneur Duparc, est posée. Dans un de ses livres consacré à l’histoire de l’école et élaboré avec Hervé Péron, on peut lire que cette pierre a été posée « dans un champ d’avoine, à distance convenable de la ferme ».
Cette école d’agriculture « trouve son origine dans l’esprit de Mme et M. Charles Chevillote qui achètent le domaine du Nivot au prince russe Pierre de Sayn Wittgenstein en 1889 ». À sa mort, Charles Chevillote fait don de ce domaine pour la construction d’une école qui « forme les jeunes à une agriculture moderne. Sa volonté se réalise en 1922 quand la congrégation des frères de Ploërmel accepte de prendre en charge la réalisation du projet ».
Tout va alors très vite. Le 15 octobre 1923, l’édifice flambant neuf est prêt à accueillir les 37 élèves de la toute première promotion. Des petites affiches déployées dans les magasins de l’Office central de Landerneau feront la promotion de l’école, avec un message clair. « Agriculteurs, confiez vos enfants à l’École d’Agriculture Charles Chevillote, Le Nivot, en Lopérec », déchiffre-t-on sur un papier aujourd’hui jauni par le temps. L’histoire ne fait que commencer, elle continue de nos jours, 100 ans plus tard.
[caption id= »attachment_79711″ align= »aligncenter » width= »720″] Cette photo date du 16 mai 1923. Cinq mois plus tard, l’établissement accueillait la première promotion.[/caption]
Des profils tous azimuts
Du grand taureau Agro, qualifié de superbe reproducteur, au derby de football Le Nivot / Brasparts sous une pluie torrentielle qui transforme le terrain de jeu en marécage, Hervé Guirriec a retracé les grands moments de 1920 à 2000 dans 2 ouvrages. Dans un autre travail titré « Le Nivot Lopérec, 1923 – 2023 de A à Z », chaque lettre est associée à un mot fort correspondant à l’école. Agriculteurs, Bois, Chevillote font partie des premiers chapitres. Suivent le L de Leaders, le S de Sport et le Y de Yves Le Jollec. « Le Nivot n’est pas un moule, il en vient des gens de partout ». De même et sur des portraits d’anciens élèves, on peut reconnaitre des dirigeants actuels de coopérative, des maraîchers, un cavalier sélectionné dans l’équipe de France d’endurance, un pilote automobile…
Tristan Irien, élève de 2013 à 2015, continue de perpétuer cette tradition de profils différents, mais qui font partie de la même famille. Aujourd’hui pompier professionnel, il explique que « mon père et mon oncle ont fait leurs études ici ! » Le co-président de l’association des anciens élèves (créé en 1926) explique que « nous avons su garder un esprit familial. L’association est très active, nous rencontrons les élèves souvent. Quand on est dans une école de 400 élèves, tout le monde se connaît ». Même constat pour Anthony Taoc, vice-président de l’association, qui appréciait, par le fait d’être pensionnaire, « d’être tout le temps ensemble, comme lors des nombreuses activités du mercredi après-midi ». Le vice-président salue aussi « la politique d’investissement dans des ateliers et dans la main-d’œuvre enseignante de qualité, qui a permis de rehausser les effectifs ».
[caption id= »attachment_79712″ align= »aligncenter » width= »720″] Le château du Nivot fut le point de départ de la grande aventure de l’école.[/caption]
Le Nord et le Sud
Yves Le Verge raconte comme si c’était hier ses années Nivot où il a obtenu un bac D’ en 1974. « Il y avait le Nord et le Sud-Finistère, la frontière se situait au Faou », raconte l’ancien élève aujourd’hui membre de l’association immobilière et originaire du pays de Saint-Pol. « Je me souviens d’un cours de biologie végétale où notre professeur nous a affirmé que nous allions connaître dans le futur la récolte des choux-fleurs à la barre de coupe », autrement dit, fini les innombrables passages dans les parcelles pour récolter les têtes de choux, place à des chantiers de récolte beaucoup plus rapides. « Cela s’est vérifié, avec l’arrivée des variétés hybrides ».
Dans les années 70, 7 lignes de car convergeaient vers l’école pour y conduire les jeunes. Les élevages de Normandes et de porc servaient déjà de support d’apprentissage. « On s’occupait aussi de la forêt, pour diharzer », c’est-à-dire travailler à la faucille pour rendre propre une parcelle fraîchement plantée de jeunes arbres.
On se gardera bien de dévoiler ici toutes les sottises menées tambour battant par les anciens élèves, non pas que ces anecdotes soient déplacées ou injurieuses, car toujours effectuées dans les règles de l’art. Mais il ne faudrait pas donner des idées aux actuels apprenants qui pourtant doivent aussi exceller en la matière…