La compensation carbone. Voilà l’idée « géniale » qu’ont imaginée les plus gros émetteurs de carbone pour s’exonérer de réduire leurs émissions. En clair, il s’agit pour une entreprise émettrice de CO2 de rémunérer un tiers vertueux qui, de son côté, s’engage à réduire ses émissions et à absorber du carbone. Dans l’absolu, la balance est donc positive. Le Green Deal qui vise la neutralité carbone en 2050 s’appuie d’ailleurs sur ce système compensatoire.
Sauf que ce concept sur le papier est loin d’être aussi probant sur le terrain. Au début de l’année, l’association de journalistes d’investigation SourceMaterial pointait les dérives du système. Selon ses calculs, sur une trentaine de projets certifiés étudiés, seuls 5,5 % des crédits compensant les émissions de gaz à effet de serre seraient réels. Le reste serait des « crédits fantômes ». Autrement dit, les plantations ou préservations d’arbres annoncées pour absorber du carbone sont des chimères. Pire, quand elles existent, elles spolient parfois des terres de paysans africains sous couvert de corruption, déséquilibrent les écosystèmes, voire assèchent les sols comme c’est le cas avec les plantations d’eucalyptus qui pompent d’importants volumes d’eau. En 2021, un rapport conjoint du Giec et son équivalent pour la biodiversité, l’IPBES, avait déjà alerté sur cette pratique qui « tue la biodiversité et pourrait même s’avérer contre-productive pour le climat ».
Dans le secteur de l’agriculture, le Label bas-carbone s’inscrit pleinement dans le cadre de cette certification climatique. Il a en effet été créé dans l’esprit du marché des « crédits carbone ». Une mystification de plus destinée à acheter à petit prix les bonnes pratiques des agriculteurs et leur bonne image par des gros pollueurs sans vergogne ?