Après les retraites, le gouvernement n’a pas envie d’un autre mouvement social. C’est pourquoi il met la pression sur la grande distribution et les industriels pour tenter de calmer l’inflation alimentaire au prétexte que les cours des matières premières baissent.
Or, ce n’est pas parce que le prix du blé baisse que le prix de la baguette ou de la viande de porc doit baisser. La matière première brute représente souvent une faible proportion du prix final d’un produit alimentaire.
Le gouvernement aurait-il une vue un peu courte de l’économie d’une filière ? Il oublie sans doute un peu vite que, même si les prix du blé, de l’énergie, des engrais, etc., baissent, d’autres facteurs de production augmentent. Notamment la main-d’œuvre et ses substituts technologiques qui pèseront de plus en plus lourd.
Trop longtemps, l’agriculture a fait des cadeaux au consommateur. À l’image des distributeurs, les agriculteurs auraient pu communiquer depuis longtemps avec ce slogan : « 2 heures travaillées, 1 heure offerte », tant la main-d’œuvre gratuite est conséquente en agriculture, notamment dans le secteur de l’élevage. Aujourd’hui, avec moins de main-d’œuvre bénévole, le recours à des salariés augmentera inévitablement les coûts de production qui devront être répercutés. Dans un marché de l’emploi concurrentiel, les salaires risquent d’ailleurs augmenter de manière substantielle en agriculture. Sans possibilité de mieux payer ses salariés, l’agriculture s’expose à devoir baisser la production. C’est déjà ponctuellement le cas dans certaines exploitations qui n’arrivent pas à recruter. Donc pression gouvernementale ou pas, le prix de l’alimentaire ne devrait logiquement pas baisser sur le long terme. Le consommateur apprendra prochainement que l’alimentation a un prix.