Soir de Serr’Party

16106.hr|16104.hr|16105.hr|16103.hr - Illustration Soir de Serr’Party
|Sous la serre
Avec le label des Musiques Têtues, les maraîchers Pauline Cabaret et David Roulleau organisent chaque année une grande soirée musicale.

Tous les printemps, la ferme de Kerioñvarc’h à Rostrenen (22) se transforme, l’espace d’une journée, en lieu de festivités. Cerclée de grands arbres, la parcelle aux quatre serres tunnels offre alors un décor bucolique et magique pour accueillir les artistes et le public. Cet écrin de verdure seulement baigné, à l’accoutumée, du chant des oiseaux résonne tout à coup de musiques d’ici et d’ailleurs.

[caption id= »attachment_80206″ align= »aligncenter » width= »720″]16103.hr À l’image des festoù-noz, la Serr’Party est un rendez-vous intergénérationnel.[/caption]

Ouvrir autrement la ferme au public

Ce rendez-vous convivial porte un nom sans équivoque : la Serr’Party. Il est le fruit d’une collaboration étroite « dans un esprit circuits courts » entre les maraîchers Pauline Cabaret et David Roulleau, propriétaires des lieux, et la Compagnie des Musiques Têtues, association de la commune spécialisée dans la création de projets musicaux du cru. « Nous faisons de la vente directe et sommes donc toujours en contact avec les consommateurs sur les marchés. Pour autant, une ferme reste un endroit mystérieux pour beaucoup », confie Pauline Cabaret. Sans doute encore plus aujourd’hui où l’agriculture est conduite par des paysans de moins en moins nombreux dans une société de plus en plus concentrée autour des centres urbains. « Pour nous, les Serr’Party sont donc une excellente manière – différente d’une porte ouverte agricole standard – de faire venir des gens sur notre lieu de travail, de montrer comment nous produisons de la nourriture au quotidien. » D’ailleurs, bon nombre de participants, sur le chemin entre la prairie parking et le cœur de l’événement, glissent une tête dans les serres pour voir comment sont cultivés les différents légumes. Et David Roulleau de poursuivre : « La culture n’est pas seulement réservée aux salles de spectacles dans les villes. Au contraire, elle peut et doit s’inviter partout. La recevoir chez nous, à la ferme, est une manière de participer à la vie du territoire auquel nous sommes profondément attachés. »

[caption id= »attachment_80203″ align= »aligncenter » width= »720″]16104.hr Sous la serre, Evren Avcı (chant), Amaryllis Billet et Béatrice Lopez (violons) et Léonore Grollemund (violoncelle).[/caption]

Des paysans à la tête du label

Même enthousiasme du côté des Musiques Têtues. « Jouer dans une ferme n’a rien d’anodin » pour le clarinettiste Étienne Cabaret, fils d’éleveur et musicien résident de la Compagnie. « Les structures artistiques sont généralement gérées par des professionnels du milieu culturel. Au contraire, au lancement de notre aventure en 2011, nous avons placé des paysans à la tête de notre association pour garder cette connexion au local, au territoire… » En effet, les Musiques Têtues, société de production et label, sont depuis le départ dirigées par Dorig Le Cras, de la ferme pédagogique de Trémargat, président, et David Roulleau, trésorier. « En tant qu’acteur de la culture, ce lien à la terre est un peu notre ADN. C’est donc sans surprise que la Serr’Party a été le premier événement développé par la Compagnie dès 2012. Une manière de porter nos créations tout en faisant vivre le Kreiz Breizh », insiste Étienne Cabaret.

[caption id= »attachment_80204″ align= »aligncenter » width= »720″]16105.hr L’équipe des Musiques Têtues avec les maraîchers : Régis Bunel (musicien), Georgina Becker, Delphine Quenderff, Pauline Cabaret, David Roulleau et Étienne Cabaret[/caption]

Sa collègue Delphine Quenderff, coordinatrice des projets, apprécie par ailleurs l’aspect pratique de poser des spectacles à la ferme. « D’abord, à la campagne, ce n’est pas l’espace qui manque. Et puis, nous avons sous la main de bons légumes pour préparer le repas, une chambre froide, un tracteur pour déplacer le matériel et monter le chapiteau… D’un point de vue logistique, c’est très confortable pour un organisateur. » Elle souligne également le côté « inspirant » à la fois pour les artistes – certains aux vies très citadines – et pour le public : « Sur le site, il n’y a pas une voiture. Le décor champêtre participe d’une ambiance très détendue. »

Une programmation musicale pointue

À l’arrivée, comme bénévoles ou comme participants, les « gens du coin » sont au rendez-vous. Il y a les habitants, les paysans, les musiciens… Des familles, des actifs, des anciens. « C’est un beau mélange intergénérationnel », résume Georgina Becker, chargée de diffusion pour la Compagnie. L’entrée se fait à prix libre, chacun donne ce qu’il veut ou peut. On retrouve alors la simplicité et la convivialité des festivités traditionnelles où le monde rural se retrouvait encore il y a une ou deux décennies : pardons, kermesses, fêtes de quartier, feu de la Saint-Jean… À la différence près que la Serr’Party offre en sus une programmation musicale pointue et inédite (voir encadré). « Beaucoup ne connaissent pas les groupes que nous invitons mais nous font confiance. Dans cette terre de fest-noz, on aime danser et partager ! Les artistes sont toujours chaleureusement accueillis sous la serre. »
Pauline Cabaret et David Roulleau terminent en insistant sur « l’énergie » que leur renvoie l’évènement dans leur routine de maraîchers toujours bien occupés : « Une Serr’Party, c’est un peu comme 15 jours de vacances : on voyage par la musique, les rencontres, les discussions avec les voisins comme avec les inconnus venus profiter du moment. Cela nous offre enfin un point de vue nouveau sur notre lieu de travail .»

Contact : www.musiquestetues.com

400 personnes aux spectacles

Le 13 mai 2022, la 9e édition de la Serr’Party a donné carte blanche à la violoncelliste Léonore Grollemund. Pour cette soirée à Rostrenen, l’artiste a rassemblé autour d’elle quatre projets à donner le tournis : le duo à cordes de création contemporaine Griffure, le quartet Evo ve Melekleri arrangeant des chansons populaires turques, le petit bal du monde des Pélicantes et la lame de fond rock oriental Yeni Gayda. 400 personnes ont profité de cette soirée à la ferme de Kerioñvarc’h.  


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article