Jean-Yves et Ghislaine Gautier ont posé, en lien avec les chasseurs, 6 km de clôtures pour protéger leur parcellaire des dégâts de sangliers. Une solution « efficace mais pas transposable partout » et qui « déplace le problème ».
Jean-Yves et Ghislaine Gautier élèvent une soixantaine de vaches laitières sur une SAU de 60 ha, dont 25 ha de maïs ensilage. Leur exploitation jouxte la forêt de Liffré. « Tous les ans, nous avions de gros dégâts provoqués par les sangliers sur le maïs et sur les prairies. Une année, il m’a fallu acheter du maïs. Une autre fois, 9 ha de prairies avaient été détruits », témoigne l’éleveur qui se voyait mal poser des clôtures pour empêcher les ravageurs d’entrer sur ses parcelles.
« Ce n’était plus acceptable »
Le déclic est venu au printemps 2021 : « Avant même les semis de maïs, les sangliers avaient relabouré mon sol. J’ai fait demi-tour et ai contacté le président local de la chasse pour installer des clôtures. Une vingtaine de personnes dont des chasseurs et des agriculteurs nous ont aidés à poser 3 km en double fil. Elles sont électrifiées. » Satisfaits du résultat, les éleveurs ont refait 3 km l’année d’après, avec 3 fils, en bordure de forêt. « Tout le matériel a été fourni par la fédération des chasseurs. »
Même si cette solution est efficace sur cette exploitation avec un parcellaire groupé, « elle demande du temps. Je passe quasiment quotidiennement à cette période de l’année pour voir s’il n’y a pas de problème. Et les clôtures doivent être débroussaillées. » Le producteur est aussi conscient « de déplacer le problème. »
1 500 € de dégâts moyens par exploitation touchée
En Ille-et-Vilaine, « la population de sangliers est en progression, et les prélèvements stagnent proportionnellement, aboutissant à l’augmentation des dégâts dans les cultures », ont détaillé des élus de la FDSEA 35, lors d’une conférence de presse le 24 mai. « Certains agriculteurs ont été obligés de ressemer jusqu’à 3 fois. Les dégâts moyens s’élèvent à 1 500 € par exploitation touchée, ce chiffre pouvant atteindre 8 000 €. La pression est énorme… ».
Selon la Fédération des chasseurs 35, 255 ha détruits ont été déclarés en 2021/2022, soit + 9 % par rapport à 2020/2021. Sur les 463 000 € de coût d’indemnisations (indemnités versées aux agriculteurs et frais de gestion des expertises), 83 % sont imputables au sanglier. La FDSEA va organiser une table ronde avec l’Administration sur le sujet.