Des blés tendres sélectionnés pour le bio

Depuis 2000, l’Inra puis l'Inrae du Rheu sélectionne des variétés de blé tendre répondant aux attentes de la filière bio, du champ à la panification.

16445.hr - Illustration Des blés tendres sélectionnés pour le bio
Une visite de la plate-forme accueillant la sélection blé tendre en agriculture biologique, sur le Gaec de la Mandardière, était organisée le 14 juin par l’Inrae et Initiative Bio Bretagne (IBB).

Une mosaïque d’épis de blé, avec ou sans barbes, de hauteurs et couleurs variées, occupe la parcelle accueillie par le Gaec de la Mandardière à Rennes (35). Sur environ 1 ha, 900 micro-parcelles et 250 lignées pures se côtoient : beaucoup de blé tendre en sélection, mais aussi du blé dur et triticale en expérimentation et des ressources génétiques de seigle, avoine et épeautre.

9 variétés inscrites depuis 2000

Cette plate-forme en bio et une autre située au Rheu en conduite ‘faibles intrants’ rassemblent les blés tendres à partir de la 7e année de sélection du programme mené par l’équipe Matériel végétal innovant (MVI) de l’UMR IGEPP de l’Inrae de Rennes. Après la 7e année, les meilleures lignées seront testées dans 3, 6 puis 9 lieux en agriculture biologique (AB) avant les épreuves CTPS d’inscription où les variétés retenues sont comparées aux plus cultivées en bio. « 9 variétés ont été inscrites depuis 2000. »

Mais tout commence 10 ans avant ce Graal, dans la pépinière de sélection ‘faibles intrants’ à l’Inrae au Rheu. Les chercheurs y réalisent des croisements pour « créer de la variabilité génétique dans laquelle sélectionner des lignées de blé tendre pour les systèmes économes en intrants chimiques, dont l’AB, prototype de l’agroécologie, qui prend une part croissante dans nos recherches », comme l’explique Bernard Rolland, de l’Inrae.

Plus 10 à 15 % de rendement en bio

« Globalement, depuis la mise en place du programme, nous avons augmenté le rendement des blés tendres en bio de 10 à 15 %. Nous avons par contre perdu un point en protéines, on ne peut gagner sur les deux critères. Nous observons très rarement de la fusariose, la rouille jaune reste le point de vigilance n° 1 côté maladies. La paille est aussi recherchée ». En sélection « coopérative », « nous sommes à l’écoute des demandes de la filière : variétés biscuitières, courtes adaptées au binage et à l’écimage ou encore variétés softs pour meules de pierre. »

Aujourd’hui, « nous essayons d’avancer sur d’autres critères que le taux de protéines, comme la stabilité de la valeur en panification ou encore la valeur nutritionnelle. » Pour l’instant, le schéma de sélection associe des itinéraires techniques ‘bas intrants’ (au Rheu, cela signifie semences non traitées, 70 uN derrière féverole et seul 1 herbicide) et AB. « À l’horizon 2030, une sélection 0 intrant chimique, voire 100 % AB, est en réflexion ».

Tests de panification

Des tests de panification normés sont réalisés au laboratoire d’Inveja à Haute-Goulaine (44) sur certaines variétés du programme, pour évaluer leur valeur boulangère. « L’élasticité, le collant, la consistance sont par exemple analysés », explique Frédéric Aubert, responsable du laboratoire. À côté de la méthode Pain courant (V03-716), la méthode Tradition française (V03-800) est normée depuis 2020, suite à la demande de la filière bio.
« Elle est caractérisée par 2 fois moins de levures, moins de pétrissage et un temps de fermentation plus long. Un alvéolage et une mie jaune sont attendus. »


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