Voilà un peu plus d’un an, le groupement des agriculteurs bio du Finistère et le Crédit Mutuel de Bretagne lançaient « Passeport vers la bio ». Une initiative originale visant à offrir aux porteurs de projet le maximum de chances de réussite, via un accompagnement renforcé. « Nous avons, depuis plusieurs années, une évolution du profil des candidats à l’installation, constate Jérôme Le Pape, chargé de mission auprès du Gab 29. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas issus du milieu agricole. Et le mouvement s’est encore accéléré depuis les épisodes du Covid. Nous voyons désormais arriver des personnes qui sont en reconversion professionnelle, en quête d’un métier avec du sens, mais ayant parfois très peu d’expérience pratique en agriculture ». Et certaines d’entre elles éprouvent, en outre, une forme de défiance vis-à-vis des établissements bancaires… D’où tout l’intérêt de ce dispositif conjoint de suivi rapproché où le Gab 29 et le CMB jouent la carte de la complémentarité.
Très concrètement, ce « Passeport vers la bio » propose, dès la construction du projet, de bénéficier d’un double regard. Avec une analyse technico-économique
réalisée par un conseiller technique du Gab 29, couplée à une lecture financière du dossier effectuée par un chargé de clientèle agricole du CMB. « C’est aussi pour nous l’occasion de réexpliquer toute l’importance du partenaire bancaire dans le montage financier d’un projet, précise Daniel Quillevéré, animateur départemental du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne. Et, plus largement, d’évoquer ce qu’est notre rôle tout au long de la vie d’une exploitation agricole ».

Dans le même esprit, une fois l’installation effectuée, des rendez-vous tripartites peuvent être organisés afin de dresser un premier bilan et de remédier le plus rapidement possible aux éventuelles difficultés rencontrées. « Notre objectif est de pérenniser les exploitations, et de faire sentir aux agriculteurs que nous sommes à leur côté », insiste Yannick Jestin, président du Gab 29.
Une acculturation qui porte ses fruits
Dans le cadre de ce partenariat, le Crédit Mutuel de Bretagne participe également à l’opération « La terre est notre futur métier », organisée au lycée agricole de Suscinio, le 12 octobre prochain. Environ 250 élèves scolarisés dans les établissements d’enseignement agricole du département sont attendus lors de cette journée. Au programme : visite d’exploitation, conférence sur le thème du maraîchage et études de cas concrets de plans de financement.
À noter, enfin, que l’adhésion au Gab 29 est offerte aux jeunes agriculteurs l’année de leur installation. Un bon plan pour s’intégrer et se constituer un réseau. « L’expérience montre que lorsque surgissent des difficultés, on a parfois tendance à s’isoler, à se recroqueviller, remarque Daniel Quillevéré. Le fait d’appartenir à un groupe, quel qu’il soit, est un gage d’ouverture et de force. Échanger avec d’autres agriculteurs qui vivent ou ont vécu les mêmes choses que vous, c’est un plus et nous le prenons en compte, indépendamment de l’analyse financière, lors de l’étude d’un dossier ».

Une préconisation que la banque coopérative s’applique d’ailleurs aussi à elle-même. En lien avec la Fédération régionale d’agriculture biologique et le Gab 29, l’ensemble des chargés de clientèle agricole a été formé à la bio, en 2021. Et Jérôme Le Pape est intervenu ensuite auprès de tous les pôles d’expertise finistériens du CMB. « Nous devons acculturer nos équipes, souligne Daniel Quillevéré. Cela permet ensuite de fluidifier les échanges ! »
La méthode semble en tout cas porter ses fruits. Sur les 25 jeunes installés en agriculture biologique dans le Finistère l’an dernier, 19 ont choisi le CMB pour accompagner leurs premiers pas professionnels.
Jean-Yves Nicolas