Gérant de la société NewSens, Hervé Le Prince analyse le comportement des mouvements écologiques et environnementaux. Ces derniers se professionnalisent et réalisent ce qu’il nomme de « l’agro-sabotage ». Le consultant en stratégie de communication Hervé Le Prince dépeint un tableau quelque peu inquiétant sur la perception des jeunes générations sur la société actuelle. « 75 % des 16-25 ans jugent l’avenir effrayant », explique-t-il, lors de l’assemblée générale des Maraîchers d’Armor, à Plougrescant (22). Un vocabulaire nouveau est en train d’émerger, qui s’illustre par des mots comme éco-anxiété, solastalgie (souffrance des changements environnements), flygskan qui signifie avoir honte de prendre l’avion. L’intervenant observe l’émergence « d’un activisme climatique, aussi appelé agro-sabotage, prenant une trajectoire de radicalisation ». Deux approches de l’écologie militante sont définies, avec un côté classique de militants « antisystème qui ont des fondamentaux anticapitalistes », et des néo-militants « novices en militantisme, jeunes urbains, au capital familial et culturel élevé. Ils veulent imposer leurs revendications non pas par les urnes mais par le rapport de force ». L’objectif de ces groupes est de passer de « hors-la-loi à faiseur de loi ». Ainsi et à titre d’exemple, Hervé Le Prince reprend l’action de militants qui ont rendu impropre à la consommation un stock de soja à Lorient (56). Après avoir réalisé leur action, « ils ont attendu la gendarmerie, carte d’identité à la main, pour engager une procédure judiciaire. L’idée est “d’évènementialiser” le fait pour arriver devant les tribunaux et invoquer l’état de nécessité ». Défendre la profession En 2022, le ministère de l’Intérieur a dénombré 104 actions de sabotage. « En France, il y a 2 000 individus de la mouvance écologique fichés S ». Dans les manifestations, l’ordre des choses s’inverse : « Avant, le carré syndical était devant. Il y a aujourd’hui une remontée de la violence, avec des black blocs à l’avant des cortèges. L’écologie va passer du pacifisme à la…
« L’agro-sabotage se radicalise »