Le datura stramoine est une adventice annuelle, de la famille des solanacées. L’adventice commence à s’installer dans différentes cultures (sarrasin, légumes industrie, maïs fourrage) de Bretagne ces dernières années. Cette dicotylédone contient des alcaloïdes très toxiques pour l’homme comme pour l’animal. De très faibles quantités suffisent et toutes les parties de la plante en contiennent (fleur, feuille, graine, sève). La vigilance est primordiale, y compris dans les zones encore peu touchées, pour éviter sa propagation.
Contient des alcaloïdes toxiques pour l’homme et l’animal
À identifier rapidement
Au stade plantule, les cotylédons sont très étroits et allongés et les 2-3 premières feuilles sont ovales avec des bords entiers. Les limbes sont dentés à partir de la 4e feuille. On observe des poils sur la tige et les pétioles. Aux premiers stades de la plante, la confusion est possible avec le chénopode hybride (appelé aussi « chénopode à feuille de stramoine »), voire avec de jeunes plantules d’épinards.
Une fois adulte, cette plante annuelle peut mesurer de 40 cm à 4 m de hauteur grâce au développement d’une tige puissante et ramifiée. Ses grandes feuilles présentent des dents inégales et ses fleurs sont longues, blanches et en forme d’entonnoir. Les fruits sont en forme de capsules ovales et épineuses, ils renferment de jusqu’à 500 graines noires. Un pied peut produire jusqu’à 5 000 graines. Et une graine peut survivre plus de 80 ans dans le sol.
Comment le détruire ?
Sur maïs, la difficulté de gestion du datura ne réside pas dans l’efficacité des produits herbicides qui sont satisfaisants, mais dans sa capacité à générer des levées très échelonnées jusque tard dans le cycle de la culture. Il est donc indispensable de rester vigilant sur les levées tardives et d’identifier les plantes présentes jusqu’à la récolte. En cas de présence avérée les années antérieures, une prélevée à spectre large permet de gérer les premières levées. En cas de levées identifiées en postlevée du maïs, une intervention en post-levée aux stades « 2-4 feuilles » associant des herbicides systémiques (sulfonylurées, tricétones) éventuellement complétés d’un produit de contact lorsque le datura est plus développé (pyridate). Parfois une 3e intervention est nécessaire pour gérer les levées tardives. L’objectif est ici d’intervenir le plus tardivement possible (limite passage tracteur) à 8-10 feuilles pour gérer les dernières levées et gagner en persistance d’action sur le reste du cycle.
Le désherbage mécanique est bien souvent délicat : les passages de bineuse ont tendance à stimuler de nouvelles levées. Il faut donc avoir un système de dents bien adaptées pour scalper l’adventice sans remuer le sol en profondeur. Le nombre de passages doit être important (4 à 5 passages), et le dernier devra être réalisé au stade limite de passage du tracteur, peu avant la fermeture du rang.
Benjamin Collin et Élodie Quéméner / Arvalis
Prévenir plutôt que guérir
Plusieurs moyens de lutte préventifs existent :
- Ne surtout pas laisser monter à graine les daturas pendant l’interculture ;
- Arracher les daturas manuellement en cours de saison en prenant soin de sortir les plantes de la parcelle, en portant des gants ;
- Surveiller les bords des parcelles, les fossés, les passages d’enrouleurs ;
- Broyer les passages d’enrouleurs avant montée en grain du datura ;
- Commencer les récoltes sur les parcelles les moins infestées. Veiller au bon nettoyage du matériel entre les chantiers.