« Le plus important pour l’attractivité et la fidélisation des salariés en élevage porcin, ce sont les relations humaines », cadre Caroline Depoudent, chargée d’études travail dans l’équipe porc à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Ce premier constat ressort d’une étude menée sur trois ans, baptisée « Impact des conditions de travail sur l’attractivité du métier de salarié en élevage porcin ».
Trois enquêtes ont été réalisées. Dans un premier temps (2020), 39 étudiants ont été interrogés sur leur stage ou expérience de travail en élevage porcin lors d’entretiens collectifs. En 2021, 129 personnes en formation ont été enquêtées par questionnaire. Et en 2022, 17 acteurs de la filière (salariés, éleveurs, services de remplacement) ont été interrogés lors d’entretiens individuels. « Les enquêtes ont montré que les personnes avaient des a priori souvent négatifs sur l’élevage porcin concernant majoritairement l’odeur et la mauvaise qualité de l’ambiance dans les bâtiments (chaleur, saleté…). Le fait d’être ‘enfermé’ est également évoqué ainsi que de mauvaises conditions de vie pour les animaux ».
Suite à leur 1re expérience en élevage de porcs, de nombreux enquêtés précisent avoir eu de bonnes surprises ce qui les motive davantage à y travailler. « L’étude confirme que la technicité d’élevage, la biosécurité et l’organisation du travail (planification, autonomie, horaires) sont des atouts. » En revanche, des disparités d’attractivité existent entre élevages, selon leurs bâtiments (luminosité, odeur) et la qualité de l’accueil.
Prendre le temps d’accueillir
« Quand quelqu’un arrive, le chef d’exploitation doit prendre le temps de l’accueillir, de lui présenter les locaux, les personnes qui travaillent dans l’élevage. Il est aussi recommandé de présenter le projet de l’entreprise et ses priorités ». Par ailleurs, la considération témoignée envers les salariés (tâches confiées, matériel à disposition, gestion du collectif de travail) a un impact fort sur l’envie de travailler en élevage porcin, puis d’y rester.
Déjà en 2010, alors que des enquêtes avaient été réalisées sur 10 binômes « employeur – salarié » stables depuis au moins 3 ans, la qualité des relations humaines ressortait comme primordiale. « Savoir anticiper les tensions, reconnaître le travail fourni, favoriser une bonne entente dans l’équipe sont des compétences et actions que l’employeur doit mettre en avant. Des formations existent pour apprendre », poursuit Caroline Depoudent. D’ailleurs, selon l’association des salariés agricoles, « les relations humaines en production porcine se passent souvent mieux que dans d’autres secteurs agricoles car les éleveurs emploient depuis longtemps des salariés et ont développé une culture d’entreprise. »
Expliquer les méthodes d’élevage
Autre point : beaucoup de jeunes venant travailler en porc ne connaissent pas les méthodes d’élevage. Il est important d’expliquer les raisons du blocage des truies, du meulage des dents, de la coupe des queues. C’est ainsi beaucoup mieux accepté. « La prise en compte du bien-être animal et la relation avec les animaux sont des attentes fortes des candidats. »
Préserver la santé des salariés
En Bretagne, environ la moitié des personnes travaillant dans les élevages porcins sont des salariés. Le marché du travail est tendu avec davantage d’offres d’emploi que de candidats. Selon l’Anefa Bretagne, il fallait environ 2 mois pour trouver un salarié en 2021. Mais « le bouche à oreille fonctionne pour recruter. Accueillir des stagiaires, des personnes en été, permet de se créer un réseau », souligne Caroline Depoudent. Par ailleurs, certains équipements (chariot, pont ou fosse de vaccination, robotisation du lavage…) permettent de préserver la santé des salariés. « Les problèmes de dos sont courants dans ce secteur ».