Mon grand-père distillait en bord de route pour les bouilleurs de cru. C’est en 1986 que mon père Guy Le Lay a créé la distillerie. Il débute en lançant le pommeau qui était appelé l’apéritif des Menhirs, le cidre et le lambig ont suivi », raconte Erwan Le Lay, fils de Guy et Anne-Marie les fondateurs de la distillerie des Menhirs à Plomelin (29) et actuel co-gérant de l’entreprise avec ses frères Loig et Kévin. Anne-Marie Le Lay précise : « Mon mari a relancé la filière cidricole en Cornouaille avec une poignée de passionnés. Ils ont planté plusieurs vergers et lancé de nouveaux produits. » Aujourd’hui, la famille Le Lay cultive 40 ha de vergers sur la rive droite de l’Odet.
Une rencontre décisive pour le développement de l’entreprise
Guy Le Lay travaille et distille les produits cidricoles pendant une dizaine d’années. Suite à un voyage en Écosse, il a l’idée de créer un nouveau produit. En Écosse, le whisky est fait avec de l’orge ; le fondateur de la distillerie des Menhirs voulait faire du whisky mais en se démarquant en utilisant une céréale bretonne. En 1999, il a donc commencé à distiller du blé noir pour en faire du whisky. « Nous avons appris à distiller ce whisky et à le faire vieillir grâce à Robert Léauté qui fut maître de chai de la grande maison du cognac Rémy Martin », livre Erwan. Les débuts ont été laborieux avec des essais réalisés dans la cuisine de la maison familiale qui débouchaient sur un whisky qui ne leur plaisait pas. « Robert nous a aiguillés et ça a débouché sur un produit qui nous a séduits. Notre histoire est faite de diverses rencontres et celle-ci a été décisive pour le développement de notre entreprise », livre Erwan. C’est ainsi que le whisky Eddu (qui signifie blé noir en breton) est né.
Ne jamais faire comme les autres
200 t de blé noir transformées chaque année
Eddu est le premier whisky au monde élaboré à partir de blé noir uniquement. Aujourd’hui, la distillerie propose 3 whiskys différents : Eddu pur blé noir, Eddu blend qui allie de façon originale le whisky de blé noir au whisky d’orge et Ed Gwenn un whisky de grain pur orge, surprenant par ses saveurs fruitées et originales. « Ces whiskys peuvent ensuite avoir des déclinaisons en fonction des assemblages et des choix de fûts pour le vieillissement », ajoute Erwan. Pour l’élaboration de ses whiskys, la distillerie achète chaque année à la coopérative Eureden 200 t de blé noir et 180 t d’orge cultivés en Bretagne. Dans le process de fabrication, la céréale est moulue. La farine recueillie est introduite petit à petit dans une cuve d’eau chaude. En quelques heures, l’amidon contenu dans le blé noir se transforme en sucre. « Après une fermentation de 4 à 5 jours due à l’ajout de levures, nous réalisons une double distillation avec un alambic à repasse. Le whisky sort alors à 70 ° d’alcool. Pour obtenir l’appellation whisky, il doit ensuite vieillir 3 ans minimum en fût de chêne. Afin de ramener le futur whisky au degré désiré, la distillerie pratique la dilution du taux d’alcool progressivement sur plusieurs années. » La distillerie de Plomelin utilise des fûts de chêne français venant du Limousin et ayant été utilisés pour faire vieillir du cognac avant de rejoindre la Bretagne. « Nous achetons aussi des barriques neuves chaque année fabriquées avec du chêne venant de la forêt de Brocéliande. Celles-ci nous servent pour apporter du tanin, de la structure et de la complexité au whisky. C’est le cas pour Eddu Brocéliande. » Les 3 fils de Guy Le Lay perpétuent la devise de leur père : « Ne jamais faire comme les autres, il faut toujours se démarquer. » La recette fonctionne puisque le breuvage connu et reconnu a été plusieurs fois primé lors de concours internationaux.
Des éditions limitées avec des personnalités bretonnes
La distillerie des Menhirs produit 200 000 bouteilles de whisky chaque année pour une commercialisation de 170 000 bouteilles par an. « Nous réalisons des affinages sur de petits volumes en faisant vieillir le whisky dans des fûts ayant contenu du whisky tourbé, du porto, du vin de Bourgogne rouge ou blanc auparavant », révèle Erwan Le Lay. Il ajoute que, régulièrement, la distillerie réalise des éditions limitées (Eddu Collection) dont le parrain est une personnalité bretonne amateur d’Eddu. « Le premier a été mon père. Puis nous avons eu Patrick Mahé, ensuite Dan Ar Braz et Nolwen Korbell. Chacun choisissant ses notes aromatiques préférées. Par exemple, Nolwen Korbell désirait un whisky tourbé. » Cette année, c’est Jean Le Cam qui a généreusement accepté d’être l’ambassadeur de la marque Eddu.