Charles Fossé, président des Jeunes Agriculteurs de Bretagne, revient sur les dossiers d’actualité des derniers mois et sur les messages à faire passer au ministre de l’Agriculture lors du prochain congrès national à Saint-Malo.
Le parcours à l’installation, un dossier cher à JA, vient de changer de gestionnaire. Qu’est-ce que cela va changer ?
Mis en place depuis avril, le nouveau parcours à l’installation, est en phase de transition. Géré dorénavant par le Conseil régional, le dépôt des dossiers est depuis peu dématérialisé. Ce nouveau schéma met surtout en valeur la Dotation jeune agriculteur unique de 22 000 € par installation. À la demande des JA, la modulation disparaît pour plus d’équité entre tous les projets. C’est une réelle évolution. Les conditions d’éligibilité concernant le diplôme agricole ont été maintenues au niveau 4 (niveau Baccalauréat) : la formation nous semble primordiale pour être en mesure de gérer les évolutions techniques et de suivre les résultats économiques de l’exploitation. D’autre part, pour obtenir le statut de jeune agriculteur et ses avantages, le projet devra être présenté devant un jury d’agriculteurs qui sera vigilant entre autres à la réflexion menée sur les notions de revenu, temps de travail et de main-d’œuvre : ces points sont délicats et sont à affiner durant la maturation du projet professionnel du porteur de projet.
Les dossiers réglementaires en cours de révision sont nombreux en ce moment. Comment se positionne JA Bretagne ?
Ces dernières semaines, la réécriture du schéma directeur régional des exploitations agricoles a mobilisé le syndicalisme. Par manque de moyens financiers, l’Administration souhaite relever les seuils de déclenchement. À force de pourparlers, les seuils de négociation sont à ce jour passés de 62 à 45 ha. La gestion de flux de surfaces qui ne passent pas sous le radar de la profession est un vrai enjeu. Le maintien de l’élevage en Bretagne passe par un seuil de déclenchement au plus bas, que nous désirons maintenir à 21 ha. Cela permettra de pousser l’installation vers le haut en facilitant le travail sur les parcellaires. Et ce, en priorisant l’installation pour des agriculteurs à titre principal.
L’autre dossier concerne le PAR7 où les négociations ont repris depuis quelques mois. S’il faut rester vigilant sur nos progrès environnementaux, nous souhaitons de la part de l’État une meilleure prise en considération des efforts engagés par la profession. C’est une condition sine qua non pour ne pas essouffler les motivations sur le terrain…
Quels sont les messages que vous souhaitez faire passer auprès de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ?
Face à la décapitalisation des cheptels bretons, nous souhaitons marquer notre soutien à la filière élevage, un socle indispensable pour la souveraineté alimentaire de la France. Lui démontrer les enjeux sur l’emploi et sur le renouvellement des générations, avec des nouveaux profils porteurs de projet à solliciter. Lui demander de nous aider à recréer du lien entre le consommateur et le producteur : rappeler les bases de la production, de l’alimentation… Et rappeler aux futures générations la chance qu’ils ont de pouvoir choisir ce qu’ils veulent acheter dans les magasins alimentaires… Et face aux ambitions gouvernementales, nous rappellerons au ministre qu’il faudra aller chercher les budgets nécessaires. Car d’après les premiers échos, la loi d’Orientation et d’avenir agricole n’est pas dotée de moyens financiers.
Nous lui demanderons aussi de veiller à sécuriser les projets des futurs installés, pour ne pas qu’ils soient attaqués après l’installation.
Éduquer, créer du lien entre citoyens, dialoguer devient une urgence pour pouvoir cohabiter et travailler de manière sereine !
Propos recueillis par Carole David