Se mettre à l’abri

16227.hr|16228.hr - Illustration Se mettre à l’abri
Avec sa nouvelle serre froide de 3
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier… Un bon sens paysan que Frédéric Boutouiller applique au quotidien sur son exploitation maraîchère où il cultive une gamme diversifiée de légumes, en plein champ et sous abri, en bio et en agriculture conventionnelle. Rencontre.  

Ne comptez pas sur lui pour opposer agriculture biologique et agriculture conventionnelle, il pratique les deux avec succès ! Frédéric Boutouiller est maraîcher à Plougoulm, dans le pays léonard, en plein cœur de la « ceinture dorée ». Ici, les légumes sont une tradition. Pourtant, c’est d’abord vers la mécanique agricole que le jeune Finistérien s’est orienté. Mais une fois son BEP obtenu, il a complété son cursus par un bac pro Productions végétales et un BTS Acse, avant de revenir s’installer, en 2014, sur l’exploitation familiale, aux côtés de ses parents, Josette et Jean-Pierre.
« Quand je suis arrivé, l’exploitation était en agriculture conventionnelle. La production se concentrait sur les salades et les mini-légumes et s’étalait d’avril à début novembre. Il nous manquait un créneau l’hiver », se remémore Frédéric. Un trou dans la raquette que la construction d’un abri d’un hectare est venue combler. Et pour rentabiliser ce nouvel équipement durant l’été, la famille s’est lancée dans la culture de roquette. « Par rapport à une culture en extérieur, cela nous a permis de supprimer les traitements contre l’altise et le mildiou ».
Conversion progressive d’une partie des parcelles en bio – désormais 25 hectares sur un total de 44 hectares –, ajout d’une seconde serre froide… Les nouveautés se succèdent à bon rythme depuis l’arrivée de Frédéric. Mais pas question de brûler les étapes pour autant. Ici, tout est pensé et réfléchi, à l’image du système de récupération des eaux de toiture installé sur les serres et qui alimente un bassin de 2 500 m3. « Une année normale, cela nous permet d’être autonomes ».

[caption id= »attachment_80867″ align= »aligncenter » width= »720″]16228.hr Le système de récupération des eaux pluviales permet à l’exploitation d’être autonome.[/caption]

La carte de la complémentarité

Mener de front des productions en agriculture bio et conventionnelle n’est pas chose commune. « Je considère que c’est une chance que notre coopérative offre cette possibilité. Pour moi, c’est complémentaire. Cela demande un peu plus de travail dans la programmation mais le quotidien est facilité ensuite ». Ainsi, lorsque les débouchés manquent pour le bio, le surplus de production est écoulé sur le marché conventionnel, où la valorisation n’est certes pas la même.
Le gros de la production de l’exploitation est contractualisé, ce qui permet d’avoir de la visibilité. Actuellement, la partie bio représente le tiers du chiffre d’affaires mais le maraîcher estime que cela devrait s’équilibrer rapidement, « car il n’y a pas de baisse de la consommation sur ce que nous produisons : jeunes pousses, mâche, roquette, épinard, pomme de terre… »
Satisfait de son outil de travail, le trentenaire ne regrette pas d’avoir investi dans une nouvelle serre froide (850 000 € HT) pour porter sa surface totale sous abri à 6,8 hectares. « C’est un équipement performant, bien ventilé, qui permet d’économiser de l’eau. Il joue le rôle d’un parapluie en hiver et permet d’apporter de l’ombrage en été, via le blanchissement du toit. Ce type d’outil convient à une large gamme de productions. Ce n’est pas bloquant pour le futur ! »
Tourné vers l’avenir, Frédéric souhaite embaucher un chauffeur dès cette année. Puis il faudra songer à remplacer son père, qui partira à la retraite dans un an. « Ce n’est pas facile de trouver du personnel qui soit un peu technique », reconnaît l’agriculteur. Face à cette problématique de main-d’œuvre, la serre froide constitue un atout. Beaucoup de tâches y sont automatisées avec le recours à une agriculture de précision : bineuse dotée d’une caméra, GPS RTK… Se mettre à l’abri a décidément bien des vertus !

Jean-Yves Nicolas

Une opportunité économique

Frédéric nous a sollicités pour accompagner son projet de développement visant à produire des légumes (mâche, épinard, jeunes pousses…) sous abri en agriculture biologique. Le climat breton est propice à la bonne croissance de ce type de production, contrairement au bassin nantais suite au réchauffement climatique. Il y a donc là une réelle opportunité économique pour les maraîchers. Et il nous a paru important, en tant que banque territoriale, de participer au développement de ce mode de culture. L’investissement est de taille, mais l’expérience et la capacité d’analyse de Frédéric représentent de vrais atouts dans ce dossier. Cela nous permet d’envisager l’avenir sereinement.Ludovic Laurent, responsable de clientèle agricole, pôle d’expertise CMB de Saint-Pol-de-Léon (29)


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