Dossier technique

Exploiter ses haies sur le long terme

Rémi Brégère et Bruno Durand ont fait le choix d’engager les 12 km de haies de leur ferme dans un label. Ce dernier garantit une gestion pérenne de la ressource ainsi qu’un revenu complémentaire intéressant.

16767.hr - Illustration Exploiter ses haies sur le long terme
Rémi Brégère et Pierric Cordouen.

À Maxent (35), Rémi Brégère et Bruno Durand élèvent 80 vaches laitières sur 130 ha. Sur l’exploitation, douze kilomètres de haies parcourent le parcellaire. « Il y a toujours eu des arbres sur la ferme », raconte Rémi Brégère. « Nous en avons planté 700 m supplémentaires au début des années 2000 avec Breizh Bocage. En 2007, nous avons également comblé nos talus avec 4 000 plants ». Auparavant, une partie du bois était destinée à la chaudière de la maison. Le reste était brûlé au champ ou donné. « Plutôt que de tout brûler, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions valoriser notre bois autrement », affirment les agriculteurs. Ainsi, 2,5 km de haies sont engagés dans une MAEC « entretien du linéaire bocager » en 2018 et 2019, pour une aide de 2 000  €/an. En 2023, ce sont 4,5 km qui sont concernés.

Un label pour préserver les haies

En 2021, les deux éleveurs croisent le chemin de Collectif Bois Bocage 35 (CBB 35). L’une des principales missions de l’association est d’accompagner les producteurs vers une gestion pérenne de leurs haies. « Compte tenu de l’expérience de Rémi et Bruno en gestion bocagère, nous leur avons proposé d’engager leurs 12 km de linéaire dans le label Haie », déclare Pierric Cordouen, animateur CBB 35. « À l’heure actuelle, 16 exploitations bretilliennes sont engagées ». Créé en 2019, ce label national assure une gestion des haies sur le long terme tout en garantissant un bois durable et local pour les filières.

Objectif régénération

Après une première rencontre entre les producteurs et CBB 35, un audit est réalisé par les salariés de l’association. Une fois ce dernier validé, un contrat est signé pour 5 ans. « Les agriculteurs engagés dans le label ont une obligation de résultat », affirme Pierric Cordouen. « Ils doivent cependant assurer le renouvellement de la haie au moment des coupes et exclure les pratiques d’entretien dégradantes ». Le bois fourni est ensuite déchiqueté et valorisé dans deux filières : chauffage (70 % soit 6 500 t) et paillage pour plantations (30 % soit 2 500 t).

Un produit mieux valorisé

Chaque année, les coupes sont réalisées à la tronçonneuse en automne et en hiver. « Nous faisons surtout de l’émondage, de l’élagage et de l’entretien du dessous des arbres », explique Rémi Brégère. « La tâche la plus longue est le rangement ». En effet, les branches doivent être stockées en andain dans la parcelle pour faciliter le travail de la déchiqueteuse. Lors du premier chantier, à l’hiver 2022, ce sont 350 m3 de plaquettes qui ont été produites au bout de 5 heures de déchiquetage. « Notre bois a été payé 19 €/ m3, soit 57 €/t », souligne l’éleveur. « Des plaquettes non issues du Label Haie auraient été payées 16 €/ m3 ». Pour la campagne 2023, les producteurs prévoient un rendement d’environ 150 m3 car « il y aura moins de recépage à faire ».

Des chantiers clé en main

« CBB 35 effectue aussi des chantiers clé en main pour les agriculteurs et les petits espaces forestiers », indique Pierric Cordouen. L’entretien et la coupe du bocage sont réalisés selon le cahier des charges du label Haie, et le chantier de broyage est organisé en amont. « Dans ces situations, nous achetons le bois sur pied. Nous intervenons surtout pour des exploitants avec des petits linéaires ou au contraire chez des agriculteurs avec de grandes surfaces mais qui n’ont pas forcément les compétences ou la main-d’œuvre nécessaires ».


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