Jean-Philippe Lesné, maraîcher bio à Saint-Méloir-des-Ondes (35), explique : « Suivant le type de sol et les cultures suivantes, je laisse au repos certaines parcelles 1 à 2 années ». En réalité, ces surfaces ne sont pas laissées sans production à proprement dit, le producteur n’hésitant pas à semer une luzerne en pur pour la faucher et la broyer 3 à 4 fois par an. Cette matière végétale non exportée apporte de l’azote aux cultures suivantes et structure le sol par le système racinaire pivotant puissant de la légumineuse. Le Bretillien met tout en œuvre pour augmenter le taux de matière organique de ses sols, levier le plus efficace pour stocker un maximum de carbone. « Il faut toutefois être vigilant vis-à-vis de ce développement racinaire qui peut compliquer parfois les plantations ». Pour être autonome en semence, le maraîcher garde certaines parcelles de luzerne en porte-graines. De 1,5 à 3 % de MO en 10 ans Sur les dernières terres acquises par la ferme familiale, le taux de matière organique est de 1,5 % environ. « Je souhaite maintenir le travail réalisé par mon père qui utilise depuis longtemps des couverts végétaux et des apports de compost de déchet vert ». L’objectif est d’arriver à 3 % de matière organique. L’agriculteur se donne 10 ans pour arriver à ce résultat, mais le fruit de ce travail commence à payer avec des analyses affichant 3,2 % dans les champs les plus actifs. En combinant luzerne non récoltée, limitation du travail du sol et apports de matière organique, le producteur irrigue moins, « la matière organique retient l’eau ». Aussi, en période hivernale, certaines récoltes marquent les sols. « C’est le cas des poireaux. Mais quand on a un sol vivant, il pardonne plus facilement ». Cette gestion agronomique se voit aussi sur la nutrition azotée des plantes, la ferme se situant sur des limons…
Dossier technique
Le taux de matière organique, formidable levier contre les émissions
Avec l’objectif d’atteindre 3 % de matière organique dans ses sols, l’agriculteur va capter un maximum de carbone. Il se donne 10 ans pour arriver à ce taux, en utilisant des composts et en cultivant de la luzerne qui n’est pas exportée.