À la traite aux premières loges

L’été, Sophie et Denis Bouguet ouvrent leur ferme au public en fin d’après-midi.

17343.hr - Illustration À la traite aux premières loges
Sophie et Denis Bouguet traient une soixantaine de Normandes.

Sophie et Denis Bouguet sont producteurs de lait à Planguenoual (commune nouvelle de Lamballe-Armor). Pour le deuxième été consécutif, ils ont ouvert en grand les portes de leur salle de traite. En 2022, l’aventure a commencé sur un coup de tête, à la mi-juillet. « Nous étions en vacances. J’ai découvert sur les réseaux sociaux un céréalier qui proposait des « cabines ouvertes » : sur inscription, des personnes pouvaient monter sur son tracteur pendant la moisson », explique le Costarmoricain.

De très bons avis sur Internet 

« Dès notre retour, nous nous sommes lancés en proposant aux gens de suivre la traite. » La promotion de ce rendez-vous quotidien a été faite sur Facebook (pages de Planguenoual et J’aime Lamballe notamment). La presse locale s’est également emparée du sujet. De 17 h 30 à 18 h 30, les visiteurs pouvaient venir librement. « Nous trayons tous les jours. En s’organisant bien, cela ne représentait pas vraiment de travail supplémentaire », confie Sophie Bouguet. « Avec notre fils salarié sur l’élevage pour l’été, c’était simple. Denis et Guillaume trayaient, moi, j’expliquais et répondais aux questions. » En un mois et demi, la famille Bouguet a reçu plus de 300 personnes. 

Plus de 420 personnes à la ferme en deux étés.

Les « très bons avis laissés sur Internet » ont motivé les éleveurs à resigner cette année. « On nous le réclamait. Après un mois de juillet chargé en vêlages, les visites ont repris du lundi au dimanche, du 8 août à la rentrée scolaire », sourit Denis. « Mais cette fois, nous avons fait moins de publicité car nous n’étions que tous les deux sur la ferme. » Juste un petit panneau sur le parking du Malido, le labyrinthe de maïs voisin qui attire beaucoup de monde. « Selon les jours, nous avons accueilli de 0 à 24 personnes. » Soit 120 personnes au total sur l’été.  

Expliquer avec humour et simplicité 

Pour assister au spectacle, les visiteurs restent au seuil de la fosse de plain-pied. De là, ils n’en ratent pas une miette. De l’entrée des vaches sur les quais jusqu’au ballet des faisceaux qui s’envolent au moment du décrochage automatique, en passant par le nettoyage des trayons, la pose des gobelets trayeurs et le post-trempage. Marseille, Paris, les Vosges… « Les personnes viennent de partout. » Il y a aussi beaucoup de « locaux » habitant 20 km à la ronde. « Même les gens d’ici ne connaissent pas la traite. Nous l’avions déjà constaté lors d’animations en GMS : les consommateurs sont totalement déconnectés de la production. Le fossé est énorme. »   

Rapidement, les questions des enfants mais aussi des adultes fusent, de la plus anodine à la plus surprenante. « Combien de temps vit une vache ? Que mange-t-elle ? Comment reconnaît-elle son veau ? » Il faut tout expliquer en utilisant un vocabulaire simple, sans glisser vers un propos « trop technique », recommande Sophie Bouguet. Au fil du temps, les réponses s’affinent, efficaces et pleines d’humour. « Avant la traite, nous lavons les trayons comme on se lave les mains. C’est logique, non ? », interpelle la propriétaire des lieux. « Après la traite, par mesure d’hygiène, nous appliquons un produit désinfectant et adoucissant pour la peau. Il est coloré pour s’assurer qu’aucune mamelle n’a été oubliée… » Dans l’enceinte, la radio est en marche. Denis confie avec malice : « On ne fait pas écouter les infos aux animaux pour éviter de les démoraliser. Par contre ils apprécient beaucoup la musique… » Les visiteurs du soir passent 30 à 60 minutes sur place. Le temps de se faire expliquer le fonctionnement de l’exploitation, le cheminement du lait… « Ils sont surpris quand ils prennent conscience des contraintes de notre métier. Ils s’étonnent de nos efforts pour économiser l’eau et l’électricité grâce au pré-refroidisseur par exemple. Beaucoup ne savent pas qu’une vache, comme les autres mammifères, doit avoir un veau pour produire du lait », poursuit Sophie qui leur décrit le tarissement comme « un congé maternité ».

Soutenir le lait bio

Espérant que d’autres collègues ouvriront leur ferme pour communiquer positivement, les éleveurs profitent également de ces rencontres pour aborder la crise du lait bio et la baisse de consommation. « Nous sensibilisons au nouveau logo repère « Il Lait Là » de notre laiterie Biolait. Nous recommandons d’acheter un peu plus de bio pour nous soutenir et défendre un modèle d’exploitations familiales. » Et de terminer : « Peut-être aussi que ces visites pourront donner des idées à des jeunes et susciter des vocations. »


Un commentaire

  1. Naudy

    Bravo
    Courage PAYSAN
    c’est vous qui nourrissez notre pays
    Une enfant de paysan

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