L’analyse de terre, l’outil pour piloter ses cultures

Lorsque l’on évoque les Outils d’aide à la décision (OAD), on pense souvent aux nouvelles technologies et aux modèles agronomiques les plus pointus. Dans un contexte où les prix des matières premières fertilisantes sont de plus en plus fluctuants, cet outil prend tout son sens en permettant de piloter la fertilité des sols au plus près des besoins des cultures.

analyse de terre - Illustration L’analyse de terre, l’outil pour piloter ses cultures

La fertilité d’un sol est basée sur trois composantes : physique, chimique et biologique. L’analyse granulométrique permet d’appréhender la fertilité physique d’un sol sur la base des teneurs en argiles, limons et sables. Ce paramètre a d’autres utilités puisqu’il permet d’optimiser le fonctionnement de certains outils de pilotage tels Farmstar ou Scan Bean et constitue également une clé d’entrée nécessaire à l’estimation des besoins en P et K via les grilles Arvalis/Comifer .

Qualifier  la vie biologique

La fertilité chimique des sols est appréhendée par l’analyse des paramètres d’ambiance chimique (pHeau et CEC), des paramètres d’état organique, ainsi que la mesure de la biodisponibilité des éléments nutritifs majeurs et oligoéléments.

Le fonctionnement biologique d’un sol est complexe, ce qui rend difficile son suivi par des analyses en laboratoire. Il existe cependant certaines mesures qui permettent d’estimer si le sol est dans une situation favorable à l’activité biologique comme le ratio carbone sur azote (C/N) ou le POxC (mesure de la teneur en carbone disponible pour alimenter les microorganismes du sol). Divers travaux sont actuellement en cours pour définir de nouveaux paramètres pertinents permettant de qualifier la vie biologique des sols. L’objectif ambitieux est de pouvoir, à terme, proposer aux agriculteurs des outils de suivi de l’impact de leurs pratiques sur cette vie biologique et de proposer des leviers d’action adaptés.

Nous rencontrons régulièrement des sols présentant des déséquilibres plus ou moins importants sur les paramètres chimiques mesurés. Au-delà des carences “classiquement” observées en Bretagne comme pour le manganèse, nous relevons par exemple de plus en plus de situations de déficit en potassium sur des rotations fortement exportatrices (rotations avec prairies de fauche, …). Lors de reprise de parcelles ou de jachères, l’analyse de sol est indispensable pour avoir un état des lieux objectif de la situation, permettre d’identifier les points de vigilance et prendre des décisions adaptées pour un bon pilotage de sa fertilisation. 

Le pH et biodisponibilité 

Le pH est un paramètre chimique “central” car il impacte la biodisponibilité de certains minéraux et oligoéléments ainsi que le cycle de l’azote. Il influe également sur les caractéristiques physiques du sol ainsi que sur l’expression de certains pathogènes (hernie, piétin échaudage, …). À l’exception des cultures légumières ou de certaines cultures comme la luzerne, un pHeau compris entre 6 et 6,5 constitue un bon compromis dans une majorité des situations.

L’azote, le phosphore et le potassium 

Concernant le paramètre azote, une analyse essentielle à réaliser est le Reliquat sortie hiver (RSH). Cette mesure permet de “recaler” le Plan prévisionnel de fumure, mais également d’optimiser l’utilisation des OAD de pilotage de l’azote. Il peut être opportun de réaliser des mesures sur des parcelles dans certaines situations comme les cultures avec un précédent “légume” ou sur les colzas qui reçoivent quasi systématiquement un apport organique à l’implantation.

Le phosphore, élément majeur nécessaire à la croissance des plantes, est absorbé quasiment tout au long du cycle cultural. Mais la phase déterminante vis-à-vis de la croissance se situe surtout en début de cycle. Les cultures les plus exigeantes en phosphore sont le colza, la luzerne et la pomme de terre.

Enfin, le potassium intervient dans différents phénomènes comme la photosynthèse ou la résistance au stress hydrique. Le niveau d’exigence des cultures est basé sur les pertes potentielles de rendement en régime d’impasse.

Les oligoéléments 

Même s’ils sont présents en faible quantité dans le sol, ils sont indispensables au bon fonctionnement des plantes car ils interviennent dans différents processus physiologiques. Les oligoéléments dont les impacts d’une carence peuvent s’avérer préjudiciables sur les cultures sont les suivants : cuivre (Cu), zinc (Zn), manganèse (Mn), bore (B), molybdène (Mo). Les situations de carences pour ces différents éléments sont plus ou moins fréquentes selon, notamment, la sensibilité de l’espèce concernée. Par exemple, pour les céréales à paille, seule la carence en manganèse est problématique. La carence en cuivre est quant à elle extrêmement rare. Pour le maïs, il faut également être vigilant au manganèse et dans une moindre mesure au zinc.

À quelle fréquence réaliser l’analyse de sol  ?

La fréquence de retour sur une parcelle varie selon le type d’analyse et la vitesse de variation du paramètre mesuré :

  • Analyse granulométrique : 1 fois suffit.
  • Analyse chimique : tous les 4 à 5 cultures.
  • Reliquat sortie hiver : tous les ans.

Service Agronomie Eureden avec la participation d’Arvalis.

Un retour sur investissement gagnant

Au vu des enjeux technico-économique sur une exploitation, l’investissement est réduit puisqu’une analyse de sol ne revient qu’à environ 5 € par hectare et par an.


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